À Toyo  : bonne pioche  !

C'était l'un de ces jours blêmes. Où le gris du ciel se fond dans la noirceur des idées, où la vaillance vacille. La reprise hésite, nous aussi parfois... Il fallait un endroit pour nous remettre l'âme à l'équerre, un lieu paisible pour évoquer les combats furieux à venir. Toyo ferait l'affaire.En lieu et place d'un chinois du quartier Vavin, l'ancien cuisinier du couturier Kenzo a installé son restaurant. L'histoire commence bien, elle s'écrit depuis deux mois dans un lieu simple et élégant dont l'attrait majeur est un long comptoir en bois d'une quinzaine de couverts. C'est évidemment là qu'il faut s'attabler, au premier rang d'un spectacle que seuls les Asiatiques savent donner. Racine de lotusDeux menus, 35 euros et 45 euros, marquent le début des réjouissances. À peine le premier choisi, plus à la mesure de notre appétit, arrive l'amuse-bouche : oeufs de saumon, petits pois et chips de racine de lotus. Mariage voluptueux dans son nid de porcelaine virginale. Immédiatement, les voyants se remettent au vert, Toyo était une bonne pioche. Le foie gras poché à la sauce acidulée, puis la crevette à peine cuite à la plancha, la galette de radis confirment notre impression : le chef excelle dans le pointillisme, la légèreté, l'allusion précise. Ce sont des nourritures de lisière. Toyomitsu et son équipe avancent pourtant à découvert : on souffle les commandes, gestes millimétrés, partition bien réglée à mille lieux du show de comptoir propre aux ego montés sur échasses.Trois plats en trente-cinq minutes ! Les deux suivants : un excellent curry de poisson et une crème brûlée au thé de Ceylan boucleront l'heure sereine.Au bout du bar, yeux mi-clos, un vieux lion observe l'ordonnancement parfait de la scène. Chez lui, pendant huit ans, il a goûté cette cuisine, celle des déjeuners de soleil et des dîners de lune, celle des jours tristes et des nuits orphelines. Aujourd'hui, Kenzo déjeune chez Toyo. Cela vaut tous les hommages.Éric [email protected] Toyo, 17, rue Jules-Chaplain, Paris 75006. Tél. : 01.43.54.28.03.Circonstances : quand on a envie ou besoin de se confier à quelqu'un ; le comptoir est idéal.Midi ou soir : indifféremment.Tables  : au comptoir à deux, sinon petit salon au fond.Voiturier : non.Prix : menus à 35 euros et 45 euros (le midi), puis à 55 euros et 75 euros (le soir).Si c'est complet : Au Caméléon, à quelques dizaines de mètres, dans un registre inverse : extraverti et opulent.
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