La crise libyenne rattrape le brent

Le contexte géopolitique s'est imposé à l'ordre du jour de l'International Petroleum Week, qui s'est ouvert lundi à Londres. Alors que la fine fleur des traders et des experts de l'industrie s'était penchée l'année dernière, lors de la même conférence, au chevet de la demande d'énergie, c'est l'offre qui préoccupe aujourd'hui le marché. « La géographie prend de l'importance en cas de crise : ce n'est pas le marché du pétrole en général, mais la circulation du pétrole et l'offre dans la région Méditerranée qui interroge aujourd'hui » assurait un participant. « Le brent risque de plus grimper que le WTI en raison de ce risque qui plane sur l'offre » assure Eugen Weinberg, expert de Commerzbank. Le brent a le plus réagi lundi aux échos des insurrections dans la région Méditerranée, en dépassant les 105 dollars par baril en séance. Le pétrole de la mer du Nord coté sur l'Intercontinental Exchange cote désormais 17 dollars de plus que son équivalent américain, le West Texas Intermediate, englué dans des problématiques américaines et non internationales.Moins de raffinage« La référence du Brent sera de plus en plus utilisée comme référence internationale, alors que la référence américaine voit son importance limitée aux enjeux de l'offre américaine » a d'ailleurs déclaré David Peniket, président de l'ICE Futures Europe lors de l'ouverture de l'IP Week. Selon l'agence Al-Jazeera, un des principaux champs de pétrole de Libye, celui de Nafoora, était ce lundi à l'arrêt. Et la plupart des compagnies pétrolières internationales présentes dans le pays se préparaient à rapatrier leurs salariés. La Libye qui semblait hier à la limite de la guerre civile, avait produit en janvier environ 1,6 million de barils par jour. Soit 5 % de la production des pays de l'OPEP, ce qui n'est pas considérable en soi. Mais le type d'huile extraite des déserts libyens est d'une qualité très proche du brent de la Mer du Nord. Soit un hydrocarbure qui demande moins de raffinage que les pétroles plus lourds d'Iran ou d'Arabie Saoudite, et qui est principalement destiné à l'Europe. Selon l'US Energy Information Administration, le pétrole lybien était principalement destiné à l'Italie (425.000 barils par jour), à l'Allemagne (178.000 barils par jour) et à la France (133.000 barils par jour) en 2009. Alors que les champs de la mer du Nord ont tendance au déclin, après des avatars de production cet hiver, les pétroles qui leur sont aisément substituables sont recherchés. Or leurs disponibilités sont potentiellement menacées. Ce sont ceux de Libye, d'Algérie, d'Angola et du Nigeria. Des pays dont la situation politique s'avère fragile : les manifestations ou tentatives de manifestations se suivent en Libye et en Algérie. Au Nigeria, l'offre est soumise aux aléas d'attaques terroristes régulières. De plus, Shell a annoncé hier l'interruption de la production d'un des champs maritimes les plus importants du pays, celui de Bonga, à partir du 25 février. Le baril de pétrole n'a pas été le seul à exprimer le regain de tension géopolitique. Ultime baromètre du risque, l'once d'or a refranchi à la hausse les 1.400 dollars par once à New York lundi.
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