Chypre : un plan B qui va faire payer les riches déposants

La proposition avait fait grand bruit. Elle est désormais une affaire oubliée. Jeudi, le gouvernement chypriote a exclu de son plan B pour sauver son système bancaire la très controversée taxe sur les dépôts. Nicosie envisage désormais à la place de créer un fonds d\'investissement pour lever plusieurs milliards d\'euros, selon le porte-parole du gouvernement Christos Stylianides. \"Un consensus a été atteint, et une décision unanime prise pour créer un fonds d\'investissement de solidarité. La proposition est actuellement examinée sur le plan technique et légal par les services juridiques de la République\", a-t-il dit dans un communiqué, sans donner de détails dans l\'immédiat, notamment combien d\'euros l\'Etat espérait trouver à travers cette mesure et de quelle provenance.Selon les informations qui circulent, ce fonds de solidarité devrait alimenter le plan de recapitalisation des banques chypriotes par Nicosie. On ne sait pas encore qui viendra financer ce fonds. L\'argent issu des privatisation des télécoms, de la radio et de la télévision nationales et du service public d\'électricité. Restent 4,8 milliards d\'euros à trouver. Selon certaines sources, Chypre pourrait puiser 2,8 milliards d\'euros dans son fonds de pensions pour les retraites. Selon les médias chypriotes, les 2 milliards manquants pourraient provenir du démantèlement de la banque Laiki. Les autorités de l\'île envisgeraient de couper la banque en deux, avec d\'un côté les actifs pourris réunis dans une \"bad bank\" et de l\'autre les actifs sains transférés à la Bank of Cyprus.La douloureuse question des dépôtsInquiets de ce qu\'il va advenir de leurs dépôts, les chypriotes commencent à se réunir devant les guichets automatiques. Au regard du bilan de la banque Laiki, les seuls passifs qui pourraient être transférables vers la \"bad bank\" sont les dépôts, soit 33,8 milliards d\'euros, et les seuls actifs les avances faites aux autres banques et les avances aux clients. Typiquement ce que les autorités chypriotes et Bruxelles cherchaient initialement à préserver.L\'une des questions est de savoir à partir de quel moment la banque centrale chypriote considèrera que la banque Laiki est à court de liquidités, c\'est à dire en faillite, ce qui déclencherait automatiquement la garantie des dépôts à hauteur de 100.000 euros par personne. On ne sait pas à combien s\'élève le montant total des dépôts inférieurs à 100.000 euros à la banque Laiki, mais si on suit le ratio dépôts totaux / dépôts inférieurs à 100.000 euros de l\'île, le montant de la garantie à payer par l\'État chypriote serait d\'environ 10 milliards d\'euros. Sûrement un peu moins, sa clientèle étant historiquement plus aisée que la moyenne des chypriotes. Un montant que le fonds de garantie des dépôts chypriotes instauré par les autorités sous dans le cadre européen de la protection des dépôts ne peut très certainement pas couvrir. Par comparaison, le Produit intérieur brut de l\'île est de 17,7 milliards d\'euros.Une solution pour gagner du tempsLe président de la Banque centrale chypriote a expliqué que le plan prévu protègerait les déposants jusqu\'à 100.000 euros et qu\'il n\'y aurait pas de faillite de la banque Laiki. Dans ce cas, la seule possibilité reste de bloquer la sortie des capitaux étrangers et de limiter les retraits, ce que Bruxelles aurait appelé de ses voeux cet après midi. Déjà, la banque Laiki a annoncé que les retraits seraient limités à 260 euros par jour et par personne, afin d\'éviter le \"bank run\". Les sommes supérieures à 100.000 euros pourraient être transférées à la \"bad bank\" et gelés via le blocage des capitaux.  Dasn ce cas l\'hypothèse serait de faire financer cette \"bad bank\" par les déposants concernés. Une solution qui servirait à prévenir en partie une explosion sociale sur l\'île, et qui permet au gouvernement chypriote de ne pas avoir à payer la garantie des dépôts. De quoi gagner un peu de temps.Le blocage des capitaux semble en tout cas inévitable. Alors que les banques doivent rester fermées jusqu\'à mardi, des ordres ont été donnés pour virer plusieurs milliards d\'euros placés dans les banques de l\'île dès la reprise des activités. Un montant de sept milliards a été évoqué par une source européenne proche du dossier, mais il serait encore plus important.L\'Eurogroupe doit s\'exprimer dans la soiréeUne fois le texte présenté, il devra encore être validé par Bruxelles et le FMI. L\'Eurogroupe qui tient actuellement une réunion téléphonique doit s\'exprimer dans la soirée. Sans un accord sur ce plan de sauvetage, l\'île se verra refuser le déblocage des 10 milliards d\'euros en provenance de la troïka pour compléter le plan de recapitalisation des banques de l\'île. \"Nous pouvons faire beaucoup pour éviter des dégâts fondamentaux tels une sortie de l\'euro, nous et surtout la BCE (Banque centrale européenne), mais si le pays ne coopère pas, il se retrouvera tout simplement en manque de liquidités et alors il n\'aura pas d\'autre choix que de commencer à imprimer sa propre monnaie\", a expliqué un haut responsable de l\'Union européenne sous couvert d\'anonymat. 
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