Les Klee de la passion

De la sonate à la symphonie tragique. De la volubilité des formes au trait noir qui les cerne. Dans une partition chromatique d'une tonalité révolutionnaire, le peintre d'origine allemande, Paul Klee, a bouleversé l'abstraction. À l'égal d'un Picasso, il a transformé notre regard sur l'art. À travers sa peinture, c'est aussi la vie que l'on ressent. Dans sa joie extrême, dans le bonheur qu'elle exprime, jusqu'à la douleur, au deuil à naître, à la mort qui guette par-dessus l'épaule du peintre, comme le rappelle une belle exposition présentée au musée de l'Orangerie, à Paris.Cet artiste, né dans une famille de musiciens, a tout de suite fasciné l'un des plus grands galeristes et collectionneurs au monde Ernst Beyeler, qui vient juste de disparaître. Dès les années 1950, ce dernier achète dessins et peintures. C'est le début d'une quête qui va le mener à s'in­téresser plus particulièrement aux oeuvres tardives de Klee. Il estime que l'artiste - n'ayant plus rien à prouver - est d'une ­totale sincérité. Qu'il peut tout se permettre et laisser libre court à son génie. D'ailleurs, personne à l'époque ne s'intéresse à ces pièces-là. On peut observer le même phénomène avec l'oeuvre de Picasso. Aujourd'hui, ce sont souvent les plus recherchées.« La couleur me possède »Cette collection Paul Klee constituée par Ernst Beyeler, qui nous est aujourd'hui dévoilée, est un pur chef-d'oeuvre. En particulier dans le choix des pièces qui, au-delà des partis pris du collectionneur, nous montre comment l'oeuvre de Klee s'est constituée, comment elle a évolué. De sa rencontre en 1911 avec le mouvement « Blue Rieter » (Le Cavalier Bleu) à l'amitié qui le lie à Kandinsky et Franz Marc, jusqu'à l'influence de Robert Delaunay.« La couleur me possède », dit Paul Klee. On voit comment une sorte de tonalité musicale s'introduit dans ses compositions dès les années 1930 et leur donne un rythme inattendu. Sans oublier l'intensité créatrice qui s'empare de lui en 1939. Une véritable frénésie. Fièvre que l'on ressent dans les oeuvres mêmes. Des premiers paysages flamboyants, des formes et des couleurs, aux dernières toiles qui ne sont plus que signes, symboles qui expriment la vérité de la peinture. De la sensualité du début de l'oeuvre, on est arrivé à une beauté mystique de l'art. n Musée national de l'Orangerie.Tél. : 01.44.77.80.07. Jusqu'au 19 juillet.
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