Le nuage islandais pourrait aussi affecter les produits pétroliers

Une semaine de consommation ralentie de kérosène en Europe a suffi à semer le désordre dans la logistique bien huilée du carburant. Dans un contexte de baisse des prix du pétrole en France, un pipe line a dû interrompre ses livraisons entre Le Havre et Roissy durant cinq jours. Dans le même temps, les stocks de kérosène s'accumulaient. Selon la société de conseil JBC, entre 11 et 14 millions de barils de kérosène seraient aujourd'hui stockés sur l'eau, dans des tankers, dont 4 à 5 millions de barils ajoutés depuis une semaine. marges très exposéesLe négociant Vitol a d'ailleurs préféré ancrer un bateau chargé de kérosène au Havre, plutôt que de le vendre : les prix de court terme sont en effet nettement inférieurs à la normale. L'écart de prix entre brut et kérosène, qui est d'ordinaire d'environ 40 dollars, s'est réduit jusqu'à 35 dollars. La demande de kérosène pourrait baisser de 22 % sur le mois d'avril selon JP Morgan, de 25 % selon la Société Généralecute; Générale. Pour le mois de mai, JP Morgan anticipe encore un recul de 5 % de la consommation : les voyageurs pourraient en effet se reporter, dans le doute, vers d'autres voies de communication que l'avion, le temps que l'éruption volcanique islandaise s'interrompte totalement.La consommation d'essence et de gazole a logiquement progressé ces derniers jours, certains voyageurs se détournant des aéroports pour rejoindre les autoroutes. La prime du diesel a même bondi à un plus-haut sur six mois mardi, à plus de 18 dollars par baril par rapport à l'essence. Un mouvement qui pourrait toutefois ne pas s'avérer pérenne. En effet, les raffineurs qui produisent environ 6,7 % de kérosène sur la totalité de leurs produits, pourraient être tentés de consacrer une part plus importante de leur activité aux autres dérivés du pétrole pour compenser la moindre rentabilité du kérosène. Voire transformer du kérosène, qui se conserve moins longtemps que les autres produits pétroliers, en essence ou autres dérivés pétroliers. C'est la théorie de Michael Wittner à la Société Généralecute; Générale, qui rappelle que le phénomène s'était produit après le 11 septembre 2001. Les marges de raffinage, qui étaient en train de se redresser, pourraient donc se trouver de nouveau très exposées à cette nouvelle donne.Si la consommation européenne de kérosène ne représente qu'un million de barils de pétrole sur les 85 millions que la planète absorbe, son ralentissement pourrait donc affecter la demande globale de pétrole. Aline Robert
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