L'éditorial de Pierre-Angel Gay : L'ogre Obama

Barack Obama a de l'appétit. Un appétit d'ogre. En mars, après quatorze mois de bras de fer, le président américain avait fait taire ses détracteurs et effacé son image de " loser ", en faisant adopter par le Congrès la plus importante réforme de l'assurance-maladie depuis la création des programmes Medicaid et Medicare, en 1965, sous la présidence de Lyndon B. Johnson. Dans la nuit de jeudi à vendredi, Obama le " winner " a fait voter par le Sénat le projet de réforme financière le plus ambitieux depuis la Grande Dépression des années 1930, et la présidence de Franklin D. Roosevelt. Certes, le texte adopté doit encore être " réconcilié " avec celui de la Chambre des Représentants avant de pouvoir être promulgué. Mais le plus dur est fait, puisque le vote du Sénat est le premier succès bipartisan du président (quatre sénateurs républicains l'ont appuyé).Victoire contre Wall StreetSanté, finance, deux victoires et autant de... défaites des lobbies. A l'arraché pour la santé, tant le président a dû louvoyer pour l'emporter contre les intérêts coalisés des assureurs, des laboratoires pharmaceutiques et des professionnels. Mais victoire frontale, brutale, contre les géants de Wall Street. Obama, cette fois, n'a pas pris de gants, dénonçant ces " hordes de lobbyistes " et leurs millions de dollars qui ont cherché à le torpiller. Et, à l'arrivée, avant la moulinette des prochaines discussions parlementaires il est vrai, l'essentiel est là. L'agence de protection des consommateurs dont les banques ne voulaient pas entendre parler, l'encadrement (mesuré) des agences de notation, la transparence (relative) imposée aux produits dérivés, la règle " Volker " qui impose plus de séparation des activités de banque de dépôts et de banque d'affaires.Du pétrole dans la mangroveEt la page de la réforme financière n'est pas encore tournée, que Barack Obama s'en prend à un autre lobby. L'un des plus puissants des Etats-Unis, celui de l'industrie pétrolière, chère aux présidents Bush, père et fils. Mi-mai, après que les premières boulettes d'hydrocarbure noircissaient la mangrove du delta du Mississipi, le président annonçait la scission de l'agence Minerals Management Service (MMS), soupçonnée de complaisance à l'égard des compagnies pétrolières. Insatiable Obama...
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.