Aérien : British Airways s'en sort mieux qu'Air France-KLM

La perte annuelle de British Airways est historique. Mais les dégâts sont largement moins importants que chez Air France-KLM. Le transporteur britannique a publié vendredi une perte nette de 425 millions de livres pour son exercice 2009-2010, clos fin mars, et une perte d'exploitation de 231 millions (264,5 millions d'euros), en hausse d'à peine 5 % sur un an. Le tout pour un chiffre d'affaires de 7,994 milliards (- 11 %). Air France-KLM, qui a présenté mercredi des pertes opérationnelles de 1,28 milliard d'euros sur la même période, a donc perdu cinq fois plus que son concurrent britannique, alors que son chiffre d'affaires s'élève à 20,99 milliards d'euros. Difficile d'inclure Lufthansa dans cette comparaison, puisque son exercice 2009 s'est achevé en décembre (+ 130 millions d'euros de résultat d'exploitation).Restructuration à la hacheL'une des explications réside dans le modèle de chacun. British Airways a moins souffert des compagnies low-cost qu'Air France-KLM dans la mesure où elle en a déjà subi l'impact depuis très longtemps, les low-cost étant nées dans les années 1990 au Royaume-Uni. La compagnie s'est donc déjà adaptée en taillant à la hache dans son réseau moyen-courrier. Ce qui ne nuit pas à l'activité long-courrier, que le marché londonien permet de remplir sans besoin énorme de trafic en correspondances. Par ailleurs, British Airways a d'autant moins souffert du cargo qu'il est peu présent dans ce segment (pas de flotte tout-cargo comme son rival français). À cela s'ajoutent, bien entendu, les très fortes (et classiques) réductions de coûts opérées par British Airways -1 milliard de livres - équivalentes à la perte de chiffre d'affaires. Ce qui traduit notamment une fibre sociale beaucoup moins développée chez British Airways que chez Air France-KLM. Depuis le début de la crise, le directeur général du groupe français, Pierre-Henri Gourgeon, a mis un point d'honneur à sauvegarder l'emploi. Enfin, numéro un entre l'Europe et les États-Unis, British Airways bénéficie également de l'amélioration du trafic transatlantique depuis quelques mois.Perte opérationnelle divisée par deuxUne comparaison entre les trois poids lourds européens est possible sur la période allant de janvier à fin mars, qui correspond au premier trimestre 2010 de Lufthansa, et au quatrième de l'exercice 2009-2010 d'Air France-KLM et de British Airways. Sur cette péride plus récente, qui donne une photographie plus précise de la santé de chaque acteur, c'est la compagnie britannique qui donne la meilleure impression. Elle a divisé sa perte opérationnelle par plus de deux, à 145 millions de livres, quand celle d'Air France-KLM, beaucoup plus importante (- 497 millions) n'a été réduite que de 7 %. De son côté, Lufthansa a carrément vu ses pertes d'exploitation multipliées par 7,5, à 330 millions, en raison essentiellement des difficultés de ses nouvelles acquisitions en 2009 (Austrian et Bmi). Menace de grèvesLes perspectives pour 2010-2011 sont également plus solides chez British Airways. Air France-KLM table sur un retour à l'équilibre « hors impact des couvertures carburant et sous réserve du coût définitif après compensations escomptées de la crise du nuage de cendres ». British Airways, pour sa part, vise lui aussi un retour à l'équilibre, malgré le nuage - qui a d'ailleurs provoqué plus de perturabtions en Grande-Bretagne - et le dur conflit social avec les navigants de cabine, qui pourraient débuter leur grève lundi. Ce conflit social reste néanmoins une sérieuse épine dans le pied de la compagnie. Sans accord avec la direction, une grève de cinq jours débutera lundi. Avec les autres préavis déposés, ce sont près de trois semaines de grèves qui menacent British Airways. Un gros trou dans le fonds de pensionAutre point délicat : les modalités pour combler l'énorme déficit (3,7 milliards de livres) de son fonds de pension. La direction a jusqu'à fin juin pour trouver un accord avec les gestionnaires du fonds. Autant de défis à résoudre pour valider et profiter à plein de la fusion avec Iberia. Ce qui permettrait dans le même temps d'optimiser la coentreprise avec American Airlines sur l'axe transatlantique. (*) Lufthansa prévoit un bénéfice opérationnel supérieur à 130 millions pour 2010.
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