Les taux américains colleront longtemps à leurs planchers

C'est dans un contexte particulièrement critique pour l'économie américaine que Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, devait procéder hier à son exercice biannuel le plus athlétique : son audition devant le Congrès, à une heure exceptionnellement tardive. Car les signes de refroidissement de l'activité se multiplient. Après une amorce de vigoureuse reprise, les dernières statistiques indiquent à la fois un tassement de la production industrielle, une panne de consommation et une rechute marquée du marché immobilier, accélérée par la fin du programme d'incitations fiscales à l'achat de logements. Au point que les plus pessimistes évoquent un profil de sortie de crise en « double creux », l'euphémisme à la mode pour éviter l'écueil sémantique de « double plongeon » dans la récession. C'est dans ce contexte que certains « Sages » de la Fed - dont on ne connaît ni le nombre ni la force de conviction - ont évoqué lors de leur dernière réunion, les 22 et 23 juin, la possibilité de réactiver les mesures de soutien non conventionnelles à l'activité que la banque centrale tentait de lever progressivement, comme l'ont revélé les minutes du conseil publiées la semaine dernière.C'est à un feu nourri de questions sur ces multiples enjeux que sera soumis le patron de la Fed de la part des élus de la commission bancaire du Sénat, avant d'affronter ce jeudi leurs homologues de la Chambre des représentants. Nul doute qu'il répétera que les taux d'intérêt américains seront maintenus « à un niveau exceptionnellement bas, pendant une période prolongée ». Sur les marchés à terme, le taux implicite des fonds fédéraux, baromètre des anticipations, indique le maintien du taux cible dans une fourchette de 0 % à 0,25 % pendant encore au moins un an. Autre indicateur, cher à Barclays Capital : le marché des swaps (les contrats d'échange de taux d'intérêt) fait ressortir une durée du statu quo monétaire du même ordre. Enfin, les taux américains à 2 ans, les plus sensibles aux anticipations de politique monétaire, ont reflué hier à un nouveau plancher historique, se détendant jusqu'à 0,568 %. En revanche, il est peu vraisemblable que Ben Bernanke engage sa banque centrale à utiliser de nouveaux outils de gestion de crise. Tout au plus devrait-il indiquer que tout sera mis en oeuvre pour éviter une rechute de l'économie dans la récession ou une nouvelle asphyxie du secteur bancaire.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.