Vivendi affûte ses arguments pour un long procès

Class ActionVivendi n'a pas connu de problèmes de liquidités au moment du départ de Jean-Marie Messier en 2002. La participation d'actionnaires français au procès en nom collectif ouvert à New York le 5 octobre est illégitime. Les indemnisations que pourraient percevoir les actionnaires, si Vivendi perdait le procès sur sa communication financière entre octobre 2000 et août 2002, seraient très complexes à évaluer. Alors que les témoignages de la partie civile se succèdent à New York, les avocats de Vivendi refusent de commenter les accusations portées contre le groupe, réservant leurs arguments à la cour. Toutefois, dans un entretien accordé à « La Tribune », Hervé Pisani et Paul Saunders, qui défendent le conglomérat, exposent leurs arguments.« Ni la SEC ni l'AMF ne nous ont demandé de republier des comptes corrigés à l'époque », rappelle Hervé Pisani. De plus, « grâce à son cash disponible et ses lignes de crédit bancaires, Vivendi ne s'est jamais retrouvé dans l'impossibilité de faire face à ses échéances », plaide l'avocat. Lors de sa première audition, Jean-René Fourtou, l'actuel président du conseil de surveillance de Vivendi qui a succédé à Jean-Marie Messier en juillet 2002, a voulu expliquer qu'il n'existait qu'un risque de liquidité à son arrivée, avance-t-on du côté de la défense. Moody's menaçait alors de dégrader la notation du groupe s'il ne levait pas 1 milliard d'euros en 72 heures. Lors de sa plaidoirie, Paul Saunders a expliqué que Jean-René Fourtou avait levé cet argent sans difficulté « en quatre ou cinq jours »?calculs difficiles La partie civile fera estimer les potentielles indemnités par un économiste, Blaine Nye, dont le témoignage est attendu au début novembre après celui, à partir de mardi, de Guillaume Hannezo, l'ex-directeur financier. Hervé Pisani prévient : « Même dans l'hypothèse où le jury rendrait une décision en notre défaveur, il est absolument impossible de déterminer le montant des dommages et intérêts qui seraient finalement à la charge de Vivendi. » « En toute hypothèse, si l'on devait perdre en appel, la détermination de ces dommages pourrait prendre plusieurs années », estime l'avocat. Le juge Holwell pourrait décider que ce calcul prenne en compte les périodes au cours desquelles chaque actionnaire a acheté et vendu des titres Vivendi entre octobre 2000 et août 2002?Vivendi se refuse à tout commentaire sur l'éventualité de négociations hors tribunal avec les plaignants. Il essaie de détendre ses relations avec l'Association de défense des actionnaires minoritaires et deux autres Français qui mènent la classe action. Vivendi les poursuit à Paris pour les contraindre à se dissocier de la procédure new-yorkaise. Après avoir demandé 1 million d'euros de dommages, Vivendi ne leur réclame plus que 1 euro. Le groupe espère, s'il gagne en France, que « le juge Holwell prendra en compte cette décision », explique Hervé Pisani, ainsi que la jurisprudence américaine. « Dans le cas d'Alstom devant le même tribunal, le juge Victor Marrero, a exclu les Français », d'une class action, rappelle l'avocat, évoquant des décisions analogues pour EADS, Société Généralecute; Générale et Danone.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.