« Un reflux est possible mais pas une correction durable »

Une bulle s'est-elle déjà formée sur les marchés émergents ? Si c'est le cas, risque-t-elle d'éclater ?Ni l'un, ni l'autre ! Le contexte est bien différent de ceux qui avaient précédé la crise asiatique des années 1990 et de l'explosion de la bulle high-tech du début des années 2000. Certains investisseurs occidentaux ressentent de l'appréhension car lorsqu'ils ont investi dans les émergents, cela s'est passé dans de mauvaises conditions. Il n'y a aucune raison d'être actuellement inquiet pour la croissance chinoise ou indienne. Les marchés émergents ne représentent que 10 % de la capitalisation boursière mondiale mais 40 % du produit intérieur brut de la planète. Le développement de la Chine, notamment urbain, peut paraître exubérant mais il faut le ramener à l'échelle du pays : 1,4 milliard d'habitants ! Sur quels fondamentaux votre optimisme repose-t-il ?L'inflation est maîtrisée dans les pays émergents, ce qui n'était pas le cas à la veille des grandes crises qu'ils ont traversées. Auparavant, les pays émergents finançaient leur croissance en s'endettant, aujourd'hui ils le font en investissant, notamment dans leurs infrastructures, c'est un cercle vertueux. Enfin, même si la tendance démographique n'est pas toujours positive, comme en Russie et en Chine, je constate qu'environ 40 % de la population des pays émergents est âgée de 20 à 40 ans. Dans les pays industrialisés, près de 40 % de la population est âgée de 45 à 65 ans. Dans ce contexte, le marché a tranché : depuis le début l'année, l'indice MSCI World, qui reflète l'ensemble des marchés mondiaux a gagné 9 % contre 17 % pour le MSCI Emerging Markets. Autre facteur rassurant, la volatilité diminue progressivement sur les marchés boursiers émergents.La valorisation des entreprises émergentes reste-t-elle raisonnable ?En moyenne, les entreprises des marchés émergents s'échangent 11 fois leurs bénéfices attendus en 2010, contre 20 fois à la veille de la crise asiatique. C'est d'autant moins élevé que les résultats de ces sociétés devraient augmenter d'environ 15 % l'an prochain.« L'assouplissement quantitatif » de la Réserve fédérale risque-t-il de provoquer un excès de liquidités vers les émergents ?La politique monétaire américaine a vocation à relancer la première économie mondiale, en faisant baisser la valeur du dollar. Or, la relance de la consommation aux États-Unis profitera aux marchés émergents, même si, depuis la crise de crédits « subprimes », ceux-ci s'en émancipent de plus en plus car ils bénéficient d'une véritable croissance interne. Ceci étant dit, une bulle liée à un excès de flux constitue peut-être le risque plus sérieux à prendre en compte. Les investisseurs occidentaux restent peu investis dans les marchés émergents mais s'y intéressent de plus en plus. Même si la volatilité des places émergentes pourrait s'accroître, je crois que les capitaux qui se dirigent vers ces marchés y resteront pour le moyen/long terme. Un reflux est donc possible mais pas une correction durable. Une baisse significative des marchés émergents n'aura lieu qu'en cas de chute sévère sur les marchés développés.Propos recueillis par Éric ChalmetBenoît du Mesnil du Buisson, Président de Baring France S.A.S.
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