Antoine

Achille Dunot est un ancien détective qui ne jure que par Agatha Christie et les méthodes d'Hercule Poirot. Il souffre d'une étrange amnésie. Au réveil, il ne se souvient plus des événements de la veille. Alors qu'il reprend du service pour enquêter sur la disparition de la riche Émilie Brunet, il décide de tenir un journal de bord, devenant ainsi l'auteur, le héros et le lecteur d'une drôle d'histoire dans laquelle il affronte le mari de la présumée victime, le brillant neurologue Claude Brunet. Avec « Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet », l'écrivain français Antoine Bello prend le contre-pied des codes du roman policier avec une aisance déconcertante.D'où vous est venue l'idée d'« Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet » ?L'idée de départ, c'était l'inaliénabilité de l'esprit humain. On ne sait jamais ce qui se passe dans l'esprit d'autrui. Et le paroxysme de cette idée, c'est cette histoire de meurtre. Brunet est accusé d'avoir tué sa femme, on peut le condamner ou l'acquitter, tant qu'il ne nous la dit pas, on ne saura jamais la vérité.Pourquoi avoir fait de votre détective un spécialiste d'Agatha Christie ?Je ne l'explique pas mais il était évident pour moi que l'enquêteur serait féru d'Agatha Christie. J'ai lu tous les livres de la romancière à l'adolescence mais je n'y avais plus touché depuis vingt ans. J'ai relu tout ce qui s'est écrit sur elle, sur le roman policier et ses nombreux codes, qu'elle avait l'habitude de transgresser. La trame du roman prenait forme. À ce moment-là j'avais envie d'écrire cette histoire, mais je n'en ressentais pas le besoin.Et à quel moment l'avez-vous ressenti ?J'ai besoin de comprendre pourquoi un livre existe. Un jour j'ai pensé à cette histoire d'amnésie antérograde et c'est devenu une évidence. Si ce roman existe, c'est parce qu'Achille est obligé de l'écrire. C'est la seule façon pour lui de mener son enquête. Ça m'a permis d'aborder un thème qui m'est très cher qui est la force des mots. On accède au monde par les mots. Tout ce qu'Achille sait de l'enquête, c'est à travers ses mots. Mais il n'a aucune possibilité de savoir si tout ce qu'il écrit est vrai.Après avoir reçu le prix France Culture-« Télérama » en 2008 pour « les Éclaireurs », vous êtes sélectionné cette année pour le prix Renaudot. C'est important pour vous ?C'est agréable de recevoir un prix. On vous reconnaît en tant qu'écrivain. Mais cela m'importe peu. Si j'avais écrit « Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet » pour avoir une récompense, je l'aurais sorti pour la rentrée littéraire. De toute façon, je ne pense pas avoir le Renaudot cette année. Mon roman est un objet non identifié à côté des autres sélections.Propos recueillis par Marine Cluet« Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet », d'Antoine Bello, aux éditions Gallimard, 252 pages, 17,50 euros.
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