« Le Triptyque » de Puccini : Trois moments forts sur des fragments de vie

Il y a les opéras que l'on aime réentendre. Et ceux qu'on aime découvrir pour voyager vers de nouvelles contrées harmoniques et symboliques. « Le Triptyque » donné à la Bastille fait partie de cette deuxième catégorie. Écrite en 1918, cette oeuvre de Puccini est assez méconnue. Le premier tableau, « Il Tabarro », retrace les dures conditions de labeur des mariniers. C'est aussi une histoire d'amour extraconjugale entre la femme du patron de la péniche et de l'un des salariés. Les décors et la mise en scène (de Luca Ronconi) sont ici à la mesure de l'intensité de ce bout de vie : sombres et évocateurs. On a l'impression d'être dans « la Bête humaine » de Renoir. Une tragédie moderne que la musique de Puccini rend encore plus vibrante. Dans le deuxième volet, « Suor Angelica » : changement de décor. On se retrouve dans un couvent au XVIIe siècle. Et on comprend très vite que le personnage principal est arrivé là pour expier la faute d'avoir eu un enfant hors mariage. Comme souvent dans les opéras de Puccini, l'héroïne prend son destin en main dans un romantisme exacerbé. La scène finale nous faisant largement penser à celles de « Turandot », « Madame Butterfly » ou « Tosca ». Le troisième et dernier volet, « Gianni Schicchi », est tout aussi décalé puisque l'on entre dans la commedia dell'arte ou la bouffonnerie. Et les tromperies dignes de Molière ou Marivaux sont au centre de l'intrigue. Il s'agit ici d'un détournement d'héritage (comme quoi ces sujets-là ne se démodent jamais...) avec moult rebondissements et espiègleries musicales. Le registre est beaucoup plus badin, Puccini ayant manifestement envie de terminer ce triptyque sur une note légère. On se prend complètement au jeu, aidé en cela par une musique tellement puissante, d'excellents chanteurs et une direction d'orchestre, sous la baguette de Philippe Jordan, redoutablement bien maîtrisée. De quoi nous donner envie de nous replonger dans l'univers puccinien. Ça tombe bien. Sont prévus cette saison « Madame Butterfly » et « Tosca ».Pascale Besses-Boumard À l'Opéra de la Bastille jusqu'au 27 octobre. www.operadeparis.f
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