L'Irlande se résout à l'aide européenne

L'Irlande a finalement décidé de saisir la main que lui tendaient l'Union européenne et le FMI. Alors que des experts de l'UE et du FMI sont arrivés depuis jeudi à Dublin, le ministre des Finances irlandais Brian Lenihan a confirmé dimanche que l'Irlande allait demander l'aide de créanciers tout en précisant qu'il n'était pas question de toucher à l'assiette de l'impôt sur les sociétés que de nombreux pays européens souhaitent voir relevée. Selon Brian Lenihan, le montant que l'Irlande s'apprête à demander ne sera pas «une somme à trois chiffres», autrement dit, il sera inférieur à 100 milliards d'euros. Les ministres des Finances de la zone euro ont tenu dimanche soir une conférence téléphonique. Mais ils ne devaient pas forcément prendre de décision à ce stade. Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker devait publier un communiqué à l'issue de la conférence téléphonique, de manière à rassurer les marchés avant leur ouverture lundi matin.Le gouvernement irlandais finalise un plan d'austérité destiné à économiser 15 milliards d'euros d'ici 2014. Ces mesures devraient comprendre une nouvelle taxe foncière, une réduction du salaire minimum, des allocations familiales et des indemnités pour les chômeurs. Une hausse du taux d'imposition sur les sociétés n'était en revanche hier soir toujours pas à l'ordre du jour. Avec un taux d'IS de 12,5 % seulement, l'Irlande est accusée de concurrence fiscale déloyale par ses partenaires européens. Cette stratégie, visant à attirer les grandes entreprises internationales sur le territoire irlandais, a contribué au succès du tigre celtique. Maintenant que l'Irlande traverse de graves difficultés (les déficits publics atteignent 32 % du PIB), plusieurs pays européens jugent qu'une hausse des impôts, tout particulièrement de l'impôt sur les sociétés, serait la bien venue. Deux leviers « Un certain nombre d'États européens, dont la France par la voix de Christine Lagarde, ont fait remarquer que s'il fallait demander à l'État irlandais d'accroître ses recettes fiscales, de toute évidence le taux de l'impôt sur les sociétés en Irlande laisse des marges de progression », explique-t-on à Bercy. Une idée relayée plus diplomatiquement par Nicolas Sarkozy lors du sommet de l'Otan, samedi. « Il va de soi que confronté à une situation de cette nature, il y a deux leviers à activer, celui des dépenses et celui des recettes. Je ne peux pas imaginer que nos amis irlandais, en toute souveraineté, (n'utilisent pas) celui-ci parce qu'ils ont plus de marge de manoeuvre que d'autres, leurs impôts étant plus bas que les autres ». « L'Union européenne marcherait beaucoup mieux si elle pouvait harmoniser ses taux d'imposition sur les bénéfices », explique à La Tribune François d'Aubert, délégué à la lutte contre les paradis fiscaux. Plusieurs cantons suisses se frottent déjà les mains. Patrik Wermelinger, le patron de l'agence de développement économique du canton de Lucerne où le taux d'imposition sur les sociétés - cantonal et fédéral - est de 14% , explique qu'il a déjà reçu plusieurs appels d'entreprises implantées en Irlande. La Suisse est avec l'Irlande l'autre grande terre de délocalisation fiscale en Europe.
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