Ernst & Young poursuivi dans le dossier Lehman Brothers

Andrew Cuomo n'en à pas encore fini avec ceux qu'ils considèrent comme responsables de la crise financière. Avant de quitter son poste de procureur général de l'état de New York - il deviendra gouverneur le 1er janvier -, le « shérif de Wall Street » a lancé mardi des poursuites contre Ernst & Young. Il accuse le cabinet d'audit de fraude comptable, pour avoir aidé Lehman Brothers à cacher la dégradation de sa situation financière alors que la banque se dirigeait vers la faillite. En cause, l'utilisation d'un artifice comptable, appelé « repo 105 ». Cette méthode controversée consiste à souscrire des prêts à très court auprès d'autres établissements financiers, en apportant divers actifs comme garantie (collatéral), généralement juste avant la publication des résultats trimestriels. Ces actifs sont récupérés quelques jours plus tard. Enregistrées comme vente, alors qu'il s'agit en réalité d'emprunts, ces opérations permettent de maquiller le bilan et d'afficher une dette allégée. Lehman Brothers et son auditeur Ernst & Young y ont eu recours dès le début des années 2000. Et ces « habillages de vitrine » ont atteint des sommets après le déclenchement de la crise des « subprimes ». Juste avant sa faillite le 15 septembre 2008, la banque d'affaires aurait ainsi dissimulé aux marchés 50 milliards de dollars d'engagements. « C'est devenu une autre de nos drogues », reconnaissait un des responsables financiers de l'établissement, dans un courrier électronique daté d'avril 2008.Dans son rapport sur la chute de Lehman Brothers, rendu public en mars 2009, l'expert Anton Valukas mettait déjà en cause ces pratiques. Et estimait qu'il y avait suffisamment de preuves pour poursuivre Ernst & Young. La firme a validé les comptes de la banque en ignorant que « ces transactions n'étaient motivées que par des raisons comptables », explique-t-il. « Nous sommes persuadés d'avoir fait notre travail en appliquant toutes les règles qui existaient à l'époque », s'est défendu le cabinet. Plusieurs experts avancent cependant qu'Ernst & Young pourrait chercher à négocier rapidement un accord.Erreurs involontairesSelon le « Wall Street Journal », l'ensemble des grandes banques américaines aurait massivement utilisé cet artifice comptable ces deux dernières années. En particulier Bank of America et Citigroup, qui ont déjà reconnu des erreurs involontaires dans l'enregistrement de plusieurs transactions. La justice de l'État de New York examine également ces dossiers. Mais les investigations seraient moins avancées.
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