Mexico ouvre son marché pétrolier aux majors étrangères

Les majors pétrolières sont aux aguets depuis que la Cour suprême du Mexique a donné son feu vert, le 2 décembre, à la signature de contrats avec la compagnie publique, Petroleos de Mexico (Pemex). Une décision historique dans un pays, où l'or noir est depuis 72 ans un monopole d'État. Mais restreints par la loi, ces futurs accords seront-ils rentables pour les producteurs étrangers ? La survie du pétrole mexicain en dépend. Jusqu'à présent, seuls les parapétroliers, tels Schlumberger, collaboraient avec Pemex. Or, en janvier, les multinationales, dont Exxon Mobil, Chevron, BP et Total, seront invitées à répondre à des appels d'offre pour doper l'exploration en eaux profondes, le forage, le raffinage, le transport et le stockage pour le compte de Pemex, première entreprise mexicaine avec 150.000 employés. Les perspectives semblent alléchantes : le pays est le septième producteur mondial de pétrole. L'accès aux ressources mexicaines restera toutefois limité. « Pas de concession, ni de droit spécial sur le pétrole, seuls des contrats de services seront octroyés aux compagnies privées », a déclaré Carlos Morales Gil, directeur de Pemex Exploracion et Produccion. « Leur paiement se fera sur la base d'un pourcentage sur chaque baril extrait » alors que les groupes absorberont de 20 % à 30 % des coûts d'exploration et de développement. Les futurs partenaires privés de Pemex - mexicains ou étrangers - percevront donc des commissions mais l'État restera propriétaire du pétrole.Développer des partenariats« Ces restrictions sont dues au fait que, depuis l'expropriation des compagnies nord-américaines en 1938, Pemex est le symbole de la souveraineté nationale », explique Mario Gonzalez Valdes, économiste à l'université du Tec de Monterrey. La réforme énergétique votée en octobre 2008 a d'ailleurs été validée par la Cour suprême après des mois de débats houleux et de manifestations au cri de « Le pays n'est pas à vendre ». Développer des partenariats constitue pourtant un enjeu de taille pour la compagnie publique : « Pemex ne dispose pas de la technologie ni des fonds pour augmenter sa production car 60 % de ses revenus financent près du tiers du budget de l'État », déplore Guillermo Raul Ruiz de Teresa, député du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). En six ans, sa production a chuté de 3,4 millions à 2,6 millions de barils par jour. Ses pertes se sont élevées à 1,6 milliard de dollars au troisième trimestre 2010. Pis, les réserves prouvées - 14 milliards de barils - s'épuisent alors que, faute de capacités de raffinage suffisantes, 40% de l'essence consommée au Mexique est importé.Les avis sont partagés sur l'impact de la réforme. « Plus attractifs, les nouveaux contrats devraient changer la donne », apportant à Pemex de précieux partenaires, espère Mario Gonzalez Valdes. « Faute de concession accordée aux compagnies privées sur le pétrole extrait, la rentabilité des investissements est loin d'être assurée pour des forages en eaux profondes », prévient en revanche Sabio Barbosa, économiste à l'Université Autonome du Mexique (Unam). La conclusion de contrats, prévue pour mai, risque donc d'être retardée. Pourtant, le temps presse. Selon Sabio Barbosa, « le pays pourrait devenir un simple importateur de pétrole d'ici six à sept ans ».
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