Les banques de Wall Street sonnées par Obama.

Au lendemain du fracassant discours de Barack Obama sur le périmètre futur des banques, Wall Street s'interrogeait vendredi sur son avenir. Car si le président américain a prévenu qu'il entendait interdire aux banques commerciales de réaliser des opérations de trading pour compte propre et de posséder, d'investir ou de soutenir des fonds spéculatifs ainsi que des fonds de capital-investissement, ses conseillers se sont gardés de répondre à certaines questions : ces établissements pourront-ils posséder un hedge fund travaillant pour le compte de leurs clients ? Les banques étrangères à pied d'oeuvre aux Etats-Unis seront-elles concernées par ses nouvelles restrictions ? Les banques de détail devront-elles cesser à terme toutes leurs activités de banque d'affaires ? Après la chute en Bourse dès jeudi des valeurs financières, l'un de ses conseillers économiques à la Maison-Blanche, Austan Goolsbee, s'est voulu rassurant en indiquant que le gouvernement américain « n'avait pas l'intention de départir (les banques) de leur métier de gestion d'actif ». La Maison-Blanche a précisé jeudi qu'elle n'entendait pas réinstaurer la loi Glass-Steagall, qui jusqu'en 1999 interdisait aux banques d'affaires de recevoir des dépôts des particuliers, mais voulait limiter leur taille pour éviter que la faillite d'un établissement bancaire menace la croissance économique. Résultats amputésEn attendant des réponses claires de l'administration Obama, les analystes financiers tentent, tant bien que mal, d'évaluer les conséquences de ses annonces pour le secteur. Selon une étude de JP Morgan Chase, les restrictions sur le trading pour compte propre devraient collectivement coûter 13 milliards de dollars à Goldman Sachs, Morgan Stanley, Credit Suisse, UBS et Deutsche Bank l'an prochain. Les grandes banques d'investissement américaines ayant adopté le statut de banques commerciales lors de la crise financière de 2008, même des établissements comme Goldman Sachs pourraient être touchés par les nouvelles mesures. Selon les analystes de JP Morgan Chase, faute de pouvoir réaliser du trading pour son propre compte, les résultats de Goldman Sachs seraient amputés de 4,67 milliards de dollars en 2011. Lors de la présentation jeudi des résultats trimestriels et annuels de Goldman Sachs, son directeur financier, David Viniar, a indiqué que les activités pour compte propre représentaient « environ 10 % » des revenus de la banque, qu'elles étaient « très intégrées » à celles réalisées pour ses clients et que malgré les menaces pesant sur ce type d'opérations, l'établissement n'avait pas l'intention de changer de statut. Une semaine avant le discours d'Obama, le nouveau patron de Bank of America, Brian Moynihan, avait prévenu que le trading pour compte propre était une fonction essentielle pour les banques qui leur permettait de « gérer les risques ». Donner du tempsLes opérateurs s'interrogent aussi sur les relations futures entre les banques, les sociétés de capital-investissement et les hedge funds. « Dans un monde où il y moins de capital disponible pour le capital-investissement et les hedge funds, cela les privera d'une nouvelle source de financement », a déclaré, à l'agence Bloomberg, Bruce Ettelson, du cabinet d'avocats Kirkland & Ellis. Les analystes s'interrogent sur les raisons qui ont poussé la Maison-Blanche à restreindre les relations entre banques et acteurs du capital-investissement qui n'ont pas contribué à la crise des crédits « subprime ». Les opérateurs de marché espèrent toutefois que des fonds spéculatifs comme Highbridge Capital et FrontPoint Partners, appartenant respectivement à JP Morgan Chase et Morgan Stanley, ne seront pas concernés par les futures restrictions car ils gèrent uniquement les actifs de leurs clients. Président de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, Barney Frank entend donner du temps aux banques pour s'adapter aux règles en gestation car les « contraindre à vendre leurs participations dans des hedge funds ou des sociétés de capital-investissement dans un court délai constituerait une erreur » et entraînerait des « cessions rapides à prix bradé ».
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