Le bloc-notes de Stéphane Soumier

STRONG>Merci qui ?La scène est décrite par un « insider », si on était la météo, je lui donnerais un taux de crédibilité de 5 sur 5. Matignon, mercredi, bureau du Premier ministre, Henri Proglio, Anne Lauvergeon, Christine Lagarde et Jean-Louis Borloo. Ambiance glaciale.Fillon à Proglio : « Tu pourrais remercier Christine [Lagarde] qui vient de te défendre à l'Assemblée. »Proglio : «... » Pas un mot. Elle est là pourtant, quasi en face de lui. Elle sort d'une bronca invraisemblable à l'Assemblée. Elle vient, publiquement, de manger son chapeau. Mais, non, il ne remerciera pas. D'ailleurs on se demande s'il juge utile de remercier qui que ce soit : « À ce moment là, dit mon insider, personne ne peut penser qu'il va finalement vaciller. » C'est Jean-François Roubaud qui aura cette phrase très spontanée, le lendemain, jeudi matin : « Mais, franchement, à quoi ça sert ? » Quand on a déjà tant d'argent, à quoi sert d'en accumuler plus encore ? Tenez, je pose la question à Françoise Holder, la fondatrice d'un empire de la boulangerie (Paul, Ladurée, etc.). Elle est membre du « comité des sages » (vous l'avez oublié celui-là, chargé des rémunérations des grands patrons), elle ne répondra pas, parce que le comité n'a pas été saisi, qu'il ne peut pas s'autosaisir, « désolée, Monsieur, vous êtes hors-sujet ! » À quoi ça sert, quand on a déjà tant ? Franchement, ce matin encore, je ne trouve pas de réponse à cette question-là !Banquette pas très propre Je regarde Dominique de Villepin mardi matin en banlieue parisienne, il est à Bondy, montrent les télés qui tournent en boucle, « au contact des quartiers », nous dit-on. Et cette scène de grand théâtre politique me fait bondir. Parce que j'ai vu, moi, la semaine dernière, une autre séquence, pas mise en scène celle-là. Devant le studio de BFM, une séquence qui disait radicalement autre chose. Vous allez peut-être trouver l'histoire inutile, moi je crois que c'est un petit moment de vérité absolue. Il se trouve qu'à l'entrée de notre studio trône une banquette, un peu vieille, je l'admets. La quasi-totalité du SBF 250 et deux ou trois gouvernements successifs se sont assis sur cette banquette. Dominique de Villepin ne le fera pas, il la regarde, légèrement dégoûté : « Ça n'est pas très propre. » On ira lui chercher une chaise de bureau. Pourquoi raconter ça ? Parce que cette bon dieu de banquette, elle est à notre image, nous, collectivement, qui n'avons pas grandi sous les ors de la République. Pas plus sale qu'une banquette de métro, qu'un siège dans le bus, qu'une salle d'attente de généraliste. Vous trouverez la même à la Sécu, dans les préfectures, dans les cafétérias des entreprises, tous ces lieux où les « gens » attendent. J'arrête là, mais à qui Dominique de Villepin va-t-il accepter de serrer la main, sincèrement, s'il ne s'assoit pas sur cette banquette ?
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