L'envolée des mauvaises créances menace les banques russes

Les affaires reprennent en Russie. La crise de liquidités subie par le secteur bancaire est surmontée. L'inflation reflue, les taux d'intérêt baissent, le crédit est encouragé. Et les Russes reviennent déposer leur « cash » dans les banques : les dépôts individuels ont augmenté de 27 % l'année dernière. La concurrence s'exacerbe même entre établissements, certaines banques allant jusqu'à proposer des rémunérations supérieures à 15 % aux déposants. Mais les risques n'ont pas disparu, bien au contraire. « Ces nouvelles constituent sans doute un bon signe pour l'activité, relève Shahin Vallée gérant chez BNP Paribas, mais elles ne le sont pas forcément pour les banques, surtout les plus petites : celles-ci ont déjà accumulé un stock de crédits pas très sains, surtout auprès des entreprises, et leurs bilans restent souvent fragiles. » Les banques russes doivent constituer toujours plus de provisions pour faire face aux prêts non honorés. Selon les estimations avancées par l'Association des banques russes - qui regroupe environ 30 établissements dont le numéro un, Sberbank -, le montant des créances douteuses pourrait atteindre 20 % du total des crédits au premier semestre (contre 12 % fin décembre), et par là même constituer un « sérieux facteur de déstabilisation » pour le secteur. Sur les seuls prêts à la consommation, ce taux avoisinait, selon Bloomberg, 6 % en décembre. Sans doute plus inquiétant, le mode de calcul de ces créances, qui en Russie ne suit pas systématiquement les normes internationales. « Ces approximations font craindre une sous-estimation des chiffres publiés », ajoute un autre analyste. « Les créances qui ont été restructurées et dont les échéances ont été prolongées l'an dernier constituent il est vrai d'importants risques », renchérit Andrew Keeley, expert chez Troïka Bank. Pour le reste, le sort des banques dépendra de l'état réel de la reprise économique et du prix du baril. « Si la reprise se confirme, le pic en matière de mauvaises créances pourrait être derrière nous. »
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