Le lent repli des faillites d'entreprises, témoin d'une reprise poussive

Après trois années consécutives de hausse, le nombre de défaillances d'entreprises a reflué de 1,7 % en 2010, ce qui porte leur nombre à 63.422 dans l'année (voir graphique). a annoncé l'assureur-crédit Euler Hermes dans une étude publiée mardi. En 2011, ce repli se poursuivra mais restera limité à 3 %, avec 61.500 défaillances. « En temps de reprise normale, on serait sur des rythmes de repli des défaillances deux fois plus rapide, de 5 % ou 6 % », avance Karine Berger, chez Euler Hermes. En d'autres termes, le « patient français est guéri mais toujours convalescent », estime-t-elle. Euler Hermes prévoit ainsi une reprise poussive en 2011, avec rebond du PIB de 1,4 % (après 1,5 % en 2010) et une production industrielle inférieure de 9 % à ses niveaux d'avant-crise. Parmi les freins à une reprise plus franche figurera sans aucun doute l'envolée des matières premières. Selon Euler, une hausse du pétrole à 80 euros le baril en moyenne en 2011 coûtera quatre points de profit aux entreprises. L'assureur fait l'hypothèse d'une absence de transmission de ce choc énergétique aux prix de vente. « En raison d'une demande faible », la hausse des coûts de production se répercutera sur les marges, alors qu'en 2008, « elle s'était répartie de manière égale », souligne Karine Berger. Avec la hausse du cuivre de 130 % au cours des 24 derniers mois, la filière de l'industrie électrique et sa cohorte de petites entreprises sera parmi les victimes. La sous-traitance automobile qui utilise aussi bien du cuivre, de l'acier (+ 20 % à 25 % de hausse depuis début 2010), des ferrailles (+ 50 %), des matières plastiques (+ 20 % à 40 % en un an), du caoutchouc (+ 100 % en un an) sera en danger, d'autant que le dispositif d'incitation à l'achat de la prime à la casse a pris fin en décembre. Trois secteurs d'activité en recul Le BTP, qu'une activité limitée depuis deux ans confine dans des marchés tendus, parfois déficitaires, sera occasionnellement piégé par le système des contrats à prix fixes, qui ne répercute pas la hausse des matières premières. La France connaît un « sous-équipement de bâtiment endémique », le décrochage du secteur restera conjoncturel, nuance toutefois Karine Berger. Au final, à fin 2011, les trois secteurs qui accuseront un recul d'activité important par rapport à 2008 seront l'automobile (? 13,5 %), les biens intermédiaires (chimie, plasturgie : ? 8,7 %) et le BTP (? 7,9 %).Les fragilités de 2011 seront enfin accentuées par la fin des dispositifs de soutien. « Les trésoreries ont été protégées par une certaine souplesse fiscale et sociale pendant la crise », rappelle Ludovic Sénécaut, président du directoire Euler Hermes. Les mailles des filets de sécurité s'élargissent désormais. »
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