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La nuit, Hong Kong s'enferme dans la brume. Elle se découvre à l'aube lorsque, lentement, son voile se dissipe. Elle semble, dans cette clarté naissante, livrer tout ce qu'elle cache en elle, son passé, son histoire. Son avenir aussi. Dans la baie, la mer est encore calme et les ferrys n'ont pas entrepris leur va-et-vient entre l'île et Kowloon, telles des araignées d'eau qui griffent la surface de l'eau. Dans le port, les grues immobiles ressemblent à des insectes géants semblables à ces bêtes mécaniques imaginées par le cinéaste George Lucas dans ses films de science-fiction. La ville est silencieuse juste avant qu'elle devienne bruissante du pas des habitants et des touristes qui la sillonnent. On marche beaucoup à Hong Kong. Aux premiers rayons du soleil, les façades métalliques des buildings construits par Forster ou Pei renvoient l'image d'une ville opulente où le dollar brille de toute sa puissance, où le business est roi, la consommation effrénée. Le luxe est la plus provocante représentation d'un art de vivre. Kate Moss nargue les passants sur un panneau publicitaire de 10 mètres de long et vante la marque d'un maroquinier. Où que l'on pose son regard, il s'accroche à Hermès, Dior ou Vuitton. À Hong Kong, on ne demande pas les prix, on achète. Si la ville n'était que ce catalogue de luxe insolent, elle aurait un attrait séduisant, mais limité. Non ! Hong Kong recèle dans son intimité une autre culture. Ancienne, traditionnelle et qui résiste à l'empire du luxe. Dans les rues, le building nous renvoie à une dimension d'hommes, petits, minuscules. Et c'est un peu comme des fourmis que l'on se glisse vers le marché aux oiseaux dans le quartier de Wan Chai. Une sorte de havre de paix pour les Chinois vieux et jeunes, qui s'y rendent avec leurs oiseaux en cage, s'installent, parlent entre eux tandis que tous les oiseaux gazouillent. Ce sont un peu comme des collectionneurs qui se montrent leurs joyaux. À deux pas, le marché aux fleurs est moins surprenant avec ses étals qui se suivent sur le même trottoir. Plus drôle et réjouissante pour la vue est la rue aux poissons rouges où des panneaux entiers sont composés de sacs en plastique remplis d'eau avec, à l'intérieur, des poissons. Cela ressemble à une sorte d'oeuvre d'art contemporain. À ce propos, il n'est pas absent de la scène culturelle de Hong Kong l'art contemporain. En plein essor même. Il a, chaque année, son salon international et ses galeries. Qu'il faut certes trouver. Comme Para/Site dans Yan Street, Hanart TZ Gallery à Queen's Road qui défend un artiste Lam Tung-Pang sélectionné et exposé parmi la jeune génération d'artistes au musée des Arts. Ce qui distingue les peintres et concepteurs de Hong Kong de ceux de la Chine, c'est une volonté de s'affirmer sans se laisser influencer par l'Occident. Enfin, une visite s'impose dans un espace contemporain des plus originaux de Kowloon. Osage est installé à l'étage dans une ancienne usine. C'est un peu comme si l'on découvrait ce que fut la Factory d'Andy Warhol. C'est sur Hung To Road. Ainsi se révèle Hong Kong. D'un côté, une façade dorée bien connue, de l'autre, un présent qui s'inscrit dans un mouvement culturel où l'art est un des éléments les plus vivants de son dynamisme. Jean-Louis Pinte
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