Le ministre anglais de l'Industrie critique les milieux d'affaires

Avec son regard aiguisé, son débit mitraillette, et son utilisation très efficace du sarcasme, Vince Cable est un redoutable adversaire politique. Les conservateurs sont en train de l'apprendre à leurs dépens. Cable, puissant ministre de l'industrie et des entreprises, poids lourd des libéraux-démocrates, a jeté ce mercredi un pavé dans la mare avec quelques petites phrases bien senties contre « le monde obscur des entreprises », « les marchés qui sont souvent irrationnels ou manipulés, (...) le capitalisme (...) tuant la concurrence. »Au pays du thatchérisme et des privatisations, ce sont des gros mots qui ont fait violemment réagir les milieux d'affaires. La pique de Vince Cable ne remet pourtant pas en cause le capitalisme, mais rappelle simplement que celui-ci doit être encadré et régulé. Ses déclarations sont en grande partie politique. Il s'exprimait lors du congrès annuel des libéraux-démocrates, dont les militants n'apprécient guère le partage du pouvoir avec les conservateurs. Lui-même est un ancien travailliste (dans les années 1970) et il ne cache pas une certaine réticence à discuter avec ses adversaires d'autrefois. Pire : à 67 ans, il s'entend très mal avec George Osborne, 39 ans, le chancelier conservateur de l'Échiquier avec qui il partage de nombreux dossiers.Pressions contradictoiresDerrière cette attaque politicienne se cache aussi un vrai désaccord de fond, qui pourrait mettre à mal la coalition. Vince Cable souhaite notamment que les établissements financiers soient séparés en deux entre leur partie « casino » et leur banque de détail. La commission sur les banques, qui doit rendre au gouvernement britannique un rapport sur le sujet, se retrouve ainsi sous les pressions contradictoires de George Osborne (qui est contre) et de Vince Cable.Ce dernier s'est aussi élevé contre la limitation de l'immigration, promise par les conservateurs, au motif que cela risque d'affaiblir les entreprises, qui dépendent de cette main d'oeuvre bon marché. Enfin, sur les OPA d'entreprises étrangères, il demande à ce que les autorités publiques aient plus de pouvoir pour bloquer « la spéculation de court terme ».Au risque de remettre en cause la coalition avec les conservateurs, Cable en appelle même aux militants lib-dems à ne pas renoncer à leurs principes : « nous devons vendre notre message et ce ne sont pas les Tories qui le feront pour nous. Nous devons le faire nous-mêmes  » Encore favorable à la coalition, il refuse de se laisser marginaliser.Eric Albert, à Londre
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