New York s'accroche aux bonus de la finance

« Je ne dis pas que les gens méritent ou ne méritent pas leurs bonus, j'affirme seulement que New York a besoin de ses collectes fiscales?! » Gouverneur de l'État de New York, David Paterson n'a pas d'état d'âme. Bien qu'il comprenne que le « président [Obama] enrage » contre les pratiques de rémunération de certaines institutions financières, le responsable s'indigne que des élus locaux ? surtout quand ils sont démocrates comme lui ? puissent critiquer les bonus à Wall Street. « À chaque fois que des bonus disparaissent, l'État de New York perd de l'argent », déplore Paterson.À New York, comme à Boston ou à San Francisco, qui abritent aussi de grands centres financiers et un fort électorat démocrate, les propositions formulées en Europe en amont du G20 pour plafonner les bonus ont été fraîchement accueillies. « Le système financier doit être davantage responsabilisé, cependant il a besoin de flexibilit頻, explique avec tact à « La Tribune » Thomas DiNapoli, le contrôleur des comptes de l'État de New York. « Le système de rémunération de Wall Street doit devenir plus transparent, mais il ne faut pas adopter un modèle unique pour tous les établissements financiers », plaide ce démocrate.Chaque année, le contrôleur publie un rapport très attendu aux États-Unis et à l'étranger sur l'estimation des bonus annuels versés à Wall Street. Ce document sert de référence pour l'évolution des émoluments qui seront attribués dans d'autres capitales financières, comme Londres. Au niveau local, il permet à la ville et à l'État de New York d'établir des projections budgétaires. Après avoir incité les New-Yorkais à sabrer le champagne pendant plusieurs années, le bureau du contrôleur a annoncé de bien sombres nouvelles pour 2008 : une chute de 44 % à 18,4 milliards de dollars des « compensations » versées en numéraire, qui a respectivement coûté 1 milliard et 275 millions de dollars à l'État et à la ville de New York.« Le fait d'être si dépendant des bonus constitue une arme à double tranchant », reconnaît le contrôleur DiNapoli. Celui-ci ne cache pas que, compte tenu de la conjoncture, le rebond attendu des bonus dans des banques comme Goldman Sachs sera le bienvenu en 2009. Avant la crise, les impôts versés par les établissements de Wall Street et leurs employés représentaient 12 % des recettes fiscales de la Grosse Pomme ? qui devraient reculer de 2,5 milliards de dollars cette année ? et 20 % de celles de l'État. Le commerce local ne se plaindrait pas non plus d'un rebond des bonus. L'an dernier, la prime moyenne accordée par les institutions financières new-yorkaises a plongé de 36,7 %, à 112.000 dollars.RebondWall Street se prépare aux réformes proposées par l'administration Obama ? visant à réguler la structure des bonus mais pas à les limiter ? en augmentant les salaires fixes, l'attribution de titres et en imposant des clauses de « clawback », qui contraindront leurs équipes à rembourser les bonus en cas de contre-performance de leurs montages à moyen terme. Howard Chen, analyste chez Credit Suisse, estime que, malgré ses pertes accusées au cours des trois derniers trimestres, Morgan Stanley pourrait distribuer entre 11 et 14 milliards de dollars de primes cette année. Goldman Sachs, qui a en revanche publié des résultats record au dernier trimestre, a pour sa part mis de côté 11,4 milliards de dollars au premier semestre pour financer les « compensations » et autres avantages de ses employés, ce qui représente, là encore, un montant inédit. Éric Chalmet, à New York
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