Et si l'Espagne basculait...

L'un après l'autre, les dominos du club des PIGS (Portugal,Irlande, Grèce et Espagne) tombent. Après la Grèce et l'Irlande, le Portugal pourrait appeler Bruxelles à la rescousse, suivie peut-être de l'Espagne. Ce scénario serait plus dramatique pour la zone euro, le PIB espagnol représentant 6,5 fois celui de l'Irlande, et presque 12 % de l'ensemble de la zone. Le mécanisme de stabilisation serait-il suffisant? Rien n'est moins sûr (lire ci-dessous).Lundi, la ministre des Finances espagnole, Elena Salgado, martelait : « L'Espagne n'a pas besoin d'un plan de sauvetage. » Il y a une semaine, le Premier ministre irlandais, Brian Cowen, ne disait pas autre chose. Baromètre du climat européen, les écarts de taux sur les marchés obligataires se réduisaient après l'annonce du plan d'aide à l'Irlande, sauf pour l'Espagne et la Grèce!Madrid peut certes se targuer d'un endettement inférieur à la moyenne de la zone euro (53,2 % contre 79,2 % en moyenne en zone euro en 2009), mais l'entrée en crise d'un modèle de croissance basé sur la facilité du crédit et le boom de l'immobilier a fragilisé un secteur bancaire dont il est encore difficile de savoir s'il est réellement purgé. En effet, même si le pays a consacré un fonds de 11 milliards d'euros à la consolidation bancaire, en particulier des caisses régionales (cajas rurales), très exposées au secteur immobilier (voir aussi page 34), certaines interrogations demeurent. «La source véritable de la vulnérabilité du pays réside dans l'apurement du secteur privé qui a cumulé avant la récession une dette équivalent à 210 % du PIB, contre une moyenne de 130% en Allemagne et en France. Or le secteur bancaire est le plus concerné, à cause d'une faible demande de crédit et d'une hausse des défauts. C'est crucial pour le redressement du secteur bancaire européen, qui en juin était exposé à hauteur de 656 milliards d'euros sur l'Espagne », souligne Gilles Moec, chez Deustche Bank.Une spécificitéEn outre, même si Madrid améliore l'état des finances publiques avec ses plans d'austérité (les dépenses ont baissé de 45 % au premier semestre), le pays a une spécificité : des régions largement autonomes. Or, comme le souligne le gouverneur de la Banque centrale, Miguel Fernández Ordonez, « les gouvernements régionaux sont très loin d'atteindre les objectifs de réductions de dépenses publiques. » Cette particularité se retrouve également dans la consolidation peu efficiente des « cajas rurales », les banques régionales, qui représentent plus de la moitié des prêts, chaque région voulant conserver sa « caja ».Surtout l'économie du pays est en panne, comme en témoigne le 0 % de croissance au troisième trimestre. Le plan de relance de 11 milliards d'euros lancé fin de 2008, censé créer 300.000 emplois, a vu entre-temps le chômage passer de 13,4 % à 20 %. « Les perspectives pour 2011 sont mauvaises, l'activité devrait se réduire à cause de la persistance d'un chômage élevé et les effets de sévères mesures d'austérité », indique Raj Badiani, économiste chez IHS Global Insight, qui table sur une croissance du PIB de 0,3 % en 2011 contre 0,5 % prévus par la Banque centrale d'Espagne.
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