La métallurgie française perd ses troupes

La présence sur le sol hexagonal de leaders mondiaux industriels - ArcelorMittal, Vallourec, Areva, Airbus, Renault ... - masque la réalité inquiétante d'une discipline qui leur a donné naissance ou les irrigue. « La situation de la métallurgie en France est mauvaise. Elle peut devenir rapidement catastrophique s'il n'y est pas porté remède dans de brefs délais », diagnostique un rapport conjoint de l'Académie des sciences et de l'Académie des technologies. Selon ce document, qui doit être publié en février, la métallurgie - la science des métaux - représentait 2,34 millions d'emplois directs et indirects en 1983, 1,75 million en 1993, et seulement 1,57 million en 2008, sur fond de gains de productivité, désindustrialisation et autres délocalisations. Mais la tendance la plus porteuse de risques, parce qu'elle compromet l'avenir en asséchant l'innovation, se situe au niveau du déclin de son enseignement et de sa recherche, qui reflète notamment la désaffection généralisée qui touche les disciplines scientifiques et techniques.embaucher à l'étrangerDans la recherche publique, le commissariat à l'Énergie atomique a vu depuis 1980 le nombre de ses recherches en métallurgie fondre de moitié. Même tendance à l'Onera (le centre français de recherche aérospatiale), où il a baissé d'un tiers. Signe qui ne trompe pas, Polytechnique n'enseigne plus la discipline. « On constate dans notre pays une pénurie de jeunes métallurgistes bien formés et les centres industriels, en particulier dans le nucléaire, devront [...] embaucher chercheurs et jeunes ingénieurs à l'étranger », déplore le rapport.Le tableau n'est guère plus brillant au niveau de la recherche industrielle. Si la France conserve deux centres de recherche de référence (celui d'ArcelorMittal à Maizières-lès-Metz pour l'acier, celui de l'ex-Pechiney à Voreppe pour l'aluminium), la R&D des entreprises du secteur de la métallurgie, qui s'élevait à 2 % des dépenses globales de R&D en 1992, n'en représentait plus que 1,2 % en 2007.Pour renverser la tendance, les deux académies préconisent notamment la création d'une mission interministérielle associant universitaires et industriels, la mise en oeuvre de mesures d'articulation du monde des PME et de la recherche, et un effort accru de formation et de recherche dans les écoles et universités. O. H.
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