Les États européens se ruent sur le marché obligataire

La course-poursuite au financement des déficits des États nés des mesures d'urgence prises pour éviter le pire a démarré en trombe. Dans un climat d'inquiétudes sur l'envolée de la dette des pays européens, Grèce en tête, les émissions brutes d'obligations d'États européens ont ainsi augmenté de 24 % par rapport à la même période de l'année dernière, à 220 milliards d'euros, selon les dernières données publiées par la société Dealogic.En tête du classement, on retrouve sans surprise les quatre plus importantes économies de la zone, qui ont représenté à elles seules près de 60 % des émissions réalisées. Première, la France a d'ores et déjà levé 40 milliards d'euros, juste devant l'Allemagne (35,8 milliards), l'Italie (31,7 milliards) et le Royaume-Uni (24,1 milliards). Épicentre des récents remous sur les marchés de dette européens, la Grèce arrive en huitième position avec 8 milliards d'euros, levés à l'occasion de son unique opération le 26 janvier dernier.Malgré cet afflux de titres, les adjudications et placements de dette syndiqués des pays européens se sont bien déroulés. L'opération grecque avait ainsi rencontré une demande représentant près du triple du montant offert. Les investisseurs avaient également souscrit quatre fois les 3 milliards d'euros de dette à 10 ans émis le 10 février par le Portugal, un des membres du club des PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne). Mais ces émissions record pourraient à terme peser sur les marchés.« Le problème des finances publiques est généralisé, et c'est un problème de long terme. La rigueur budgétaire nécessaire pour résorber l'envolée de la dette publique induit un risque de récession prolongée et des pressions déflationnistes », estime les économistes d'Allianz Global Investors. Selon les experts du groupe, sept pays européens dont le Royaume-Uni, la France et l'Italie auront un ratio de dette rapportée au PIB supérieur à 90 %. Ce seuil handicaperait la croissance de 1 % par an selon les économistes Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff. Particulièrement touché par la crise, qui lui a coûté l'équivalent de 20 % de son PIB de 2007, le Royaume-Uni pourrait se trouver sous la pression des marchés. Le pays doit en effet refinancer des emprunts équivalant à 31 % de son PIB cette année et l'an prochain, alors que son déficit budgétaire a atteint 12 % l'an dernier. Le pays devrait présenter un plan d'austérité après les prochaines élections pour convaincre les marchés de la soutenabilité de sa dette, qui devrait doubler entre 2007 et 2011.
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