Le carnet de bord boursier et... decalé de Fabio Marquetty

STRONG>Lundi : Nuée paralysanteVoilà déjà cinq jours que l'Islande noircit l'horizon économique européen. Voyageurs comme hommes d'affaires arpentent comme des ombres les halls d'aéroports. Les uns rêvent de vacances, les autres nourrissent l'espoir de rencontrer enfin leurs clients, ou tout simplement de rentrer chez eux. Pendant ce temps là, la facture s'alourdit pour les compagnies aériennes aussi bien sur plan financier que boursier. Certains craignent un manque à gagner supérieur aux 8 milliards de dollars constatés après les attentats du 11 septembre 2001. De son côté, Karel de Gucht, le commissaire européen au Commerce est à deux doigts de sombrer dans le catastrophisme. Les répercussions pourraient s'avérer « très sérieuses », car l'interruption du trafic « perturbe les négociations », et « annule les réunions ». Mais les traders en ont vu d'autres et l'éruption volcanique les laisse de marbre. A moins qu'ils ne soient paralysés par la peur de l'inconnu. Mardi : Le filon de la dette grecque De Paris à Berlin, les politiques planchent sur le cas grec. Il faut sauver les finances du soldat hellénique. A Athènes, la population s'inquiète de voir son porte-monnaie, déjà réduit à peau de chagrin par la crise, ponctionné par l'Etat. Le pays, comme les banques nationales, sont proches de l'asphyxie. Dans les salles de marché, les opérateurs espèrent en secret que la situation continuera de se dégrader encore un peu. Sans pour autant atteindre un point de non retour. Pour eux, une mauvaise qualité de signature est synonyme de rémunération juteuse. On les comprendrait presque. Les taux grecs à 10 ans se sont lancés à l'assaut du mont Olympe et culminent à des niveaux historiques supérieurs à 8%. En contrebas, un flot de liquidités en provenance du monde entier attend désespérément de fructifier de manière décente. Le loyer de l'argent est bien trop bas. Cela tombe bien. Les investisseurs sont redevenus accros au risque. Mercredi : So Big Apple Les indices font grise mine. Les gouvernements des grandes puissances occidentales veulent faire payer aux banques l'addition de la crise. Le FMI évoque le principe d'une taxe mondiale sur les bénéfices. Et cela n'est pas vraiment du goût des investisseurs. Heureusement, Wall Street garde toujours un peu de pectine en réserve pour raviver le moral des troupes. Une ressource puisée dans sa plus belle pomme : Apple. Alors que près de 9 millions d'IPhone supplémentaires ont colonisé la planète entre janvier et mars, le groupe pulvérise les prévisions d'analystes les plus ambitieuses. L'envolée de 50% de son chiffre d'affaires trimestriel de 13,5 milliards de dollars est presque inavouable. Tout comme la flambée de son action, qui en crevant le plafond des 258 dollars, s'offre un plus haut historique. Là où d'autres peinent encore à retrouver leurs niveaux précédant la faillite de Lehman. De quoi redonner de l'allant au sacrosaint Dow Jones, dont 18% de la pondération sont composés d'acteurs de l'industrie technologique Jeudi : Exception françaiseL'ambiance est studieuse. Un peu partout dans la capitale, on s'affère à peaufiner les derniers petits détails de présentation. Il ne faut sous aucun prétexte louper le rendez-vous des publications trimestrielles. La page de la crise doit être définitivement tournée. Place à la reprise. Au fil des heures, les chiffres tombent et se révèlent supérieurs aux attentes du marché. Sodexo, Remy Cointreau, L'Oréalcute;al...A l'exception de quelques âmes égarées comme Nexans, une grande majorité de sociétés font le bonheur de leurs actionnaires. Elles s'inscrivent dans le sillage de Carrefour, Danone, LVMH et consorts dont les performances financières avaient déjà été saluées tout au long de la semaine. Tout comme leurs homologues américains, nos fleurons nationaux savent tenir leur rang. On voit déjà la planète boursière se rallier à la bannière tricolore. Mais au final, l'ombre de l'Oncle Sam rappelant sous les traits de Barack Obama l'urgence d'accélérer les réformes bancaires, reste bien envahissante. Vendredi : Alerte à la dévaluationLa Grèce a finalement décidé de frapper à la porte des coffres-forts du FMI et de l'Union Européenne pour éviter de sombrer dans la faillite. On aimerait croire qu'un coup de baguette magique suffise à régler le lourd problème de la dette sur le Vieux Continent. Histoire de rattraper le train de la reprise dans lequel se sont déjà bien engouffrés les Etats-Unis. Mais la réalité n'est pas si simple. La précarité financière des bien nommés PIGS augmente l'effet de contagion. Les cambistes l'ont bien compris. Ils savent que les gouvernements ont peu d'intérêt à sacrifier leurs précieux points de croissance sur l'autel de l'orthodoxie budgétaire. Comme au Royaume-Uni, le meilleur pour alléger le fardeau des déficits publics est peut-être encore de dévaluer l'euro. Rien de tel pour faire stagner, voire légèrement faiblir la monnaie unique.
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