Les chimistes pas encore prêts pour de grosses emplettes

C'est fait. Après des semaines de suspense, BASF a enfin mis la main sur son compatriote Cognis pour 3,1 milliards d'euros. En rachetant ce spécialiste des additifs pour cosmétiques et détergents, le numéro un mondial du secteur cherche à atténuer son exposition au pétrole et à la chimie de base (plus d'un tiers des ventes), très exposés à la volatilité des matières premières et à la concurrence des industriels du Moyen-Orient. Il signe ainsi l'une des plus grosses opérations de ces dernières années, une semaine après que Rhodia a mis la main sur le chinois Feixiang Chemicals pour un peu plus de 400 millions d'euros.De là à y voir une reprise des fusions-acquisitions dans le secteur, il n'y a qu'un pas... que nombre d'observateurs rechignent à franchir. « Il s'agit plus d'achats d'opportunité que d'un redémarrage des opérations d'envergure », estime Marc Livinec, analyste chez Euler-Hermès. « BASF connaissait bien sa cible, avec laquelle il avait déjà discuté en 2008 avant de racheter Ciba. Quant à Rhodia, il a fait le pari de la Chine », indique-t-il. « Je m'attends à des achats ciblés plutôt qu'à de grosses acquisitions », confirme Oliver Kroemker chez Fitch Ratings.En cause, le manque de visibilité sur la reprise économique, qui augmente le risque lié à un gros achat. Pourtant, les industriels sont de nouveau faiblement endettés, et le syndicat professionnel Cefic prévoit un impressionnant rebond de 9,5 % des volumes en Europe en 2010. « Mais on n'est toujours pas revenu aux niveaux d'avant-crise ! Et rien ne dit que ce rebond sera durable », souligne Marc Livinec. De quoi freiner les plus ambitieux, au profit d'emplettes plus modestes. À l'instar du rachat des acryliques de Dow Chemical par Arkema à l'été 2009, pour 50 millions de dollars. Mais certains pourraient animer le secteur : après la cession de sa pharmacie, le belge Solvay dispose d'une réserve de plus de 5 milliards d'euros. Quant à l'allemand Evonik (13 milliards de revenus), il lorgne la Bourse et pourrait « procéder à de acquisitions de taille moyenne », viennent d'indiquer ses dirigeants. Audrey Tonnelie
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.