Le nucléaire au c ? ur de la campagne allemande

ÉlectionsLe 5 septembre dernier, 50.000 personnes ont manifesté contre l'énergie nucléaire dans les rues de Berlin, du jamais vu depuis 1986, au lendemain de Tchernobyl. Les participants avaient, pour l'occasion, ressorti le slogan mythique des années 1980?: « Atomkraft?? Nein, danke?! » (L'énergie nucléaire?? Non, merci). C'est que les manifestants, comme les partis de gauche, voient dans l'alliance noire-jaune des conservateurs et des libéraux le bras armé du lobby nucléaire. Sur leurs affiches, les Verts montrent ainsi deux bidons jaunes affublés de signes radioactifs noirs, couronnés par le slogan « Noir-jaune?? Non, merci?! »Officiellement, pourtant, aucun des cinq partis susceptibles d'entrer dimanche au Bundestag ne souhaite revenir sur la fin du nucléaire en Allemagne décidée en 2000 par le gouvernement Schröder. Il faut dire que l'opinion publique est très défavorable à toute remise en cause de cette décision. La droite propose donc l'allongement de la durée de vie de 17 centrales après 2021, date prévue pour leur démantèlement. Le nucléaire serait alors une technologie qui permettrait d'attendre que les énergies renouvelables puissent techniquement et économiquement prendre le relais.problèmes de stockageLe candidat social-démocrate, Frank-Walter Steinmeier, a accusé ce projet d'être « irresponsable ». Il est vrai qu'une poursuite de l'activité des centrales poserait des problèmes de stockage des déchets supplémentaires. Or, les études sur le centre de stockage projeté de Gorleben, au centre du pays, ont été l'objet de vives polémiques. La grande coalition n'est pas parvenue à se mettre d'accord sur la poursuite des études de faisabilité stoppée en 2000 et Angela Merkel a accusé le ministre SPD de l'Environnement, Sigmar Gabriel, d'être à l'origine de l'incapacité de la grande coalition à faire reprendre les études sur ce site stoppées en 2000. Mais Sigmar Gabriel a mis en avant les informations selon lesquelles les études réalisées par le gouvernement Kohl en 1983 avaient laissé de côté plusieurs questions sensibles. Au final, Angela Merkel a dû céder et accorder une commission qui examinera l'étude de 1983, ce qui n'a guère redoré le blason de la CDU.Les conservateurs sont en fait sur la défensive sur ce sujet. Et la gauche n'hésite pas à se saisir de toutes les occasions pour mettre le nucléaire sur le devant de la scène. Ainsi, lorsque, la semaine dernière, la presse a rendu publique une étude scientifique prônant la construction de générateurs de dernière génération outre-Rhin, l'offensive a été musclée. Car cette étude, qui était depuis juin sur le bureau de la ministre CDU de la Recherche, Annette Schavan, ne devait être rendue publique qu'en octobre. Le SPD y voit la preuve du mensonge de la CDU, qui entend construire de nouveaux réacteurs. D'autant que, quelques jours plus tard, on apprend que le ministre conservateur de l'Économie a demandé une étude sur la sécurité des nouveaux réacteurs. La CDU a beau rappeler que le ministre de l'Environnement, Sigmar Gabriel, a autorisé lui-même une étude similaire, le parti de la chancelière doit se justifier. Samedi dernier, Angela Merkel a assuré à nouveau son refus de faire construire de nouvelles centrales. La CDU elle-même voudrait bien dire « non merci » à un nucléaire qui empoisonne sa campagne.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.