« Il reste beaucoup à faire pour éliminer le risque systémique »

Comment rendre le système financier plus résistant aux chocs ?Tout le monde est d'accord sur le fait que les banques ont besoin de plus de capital, de moins d'effet de levier, de meilleures conditions de liquidité et d'une meilleure gestion des risques. Mais ces mesures ne suffiront pas à éliminer le risque systémique. Il reste encore beaucoup à faire.Comment caractérisez-vous le risque systémique ?On peut parler de risque systémique lorsqu'une banque en difficulté en contamine une autre. C'est comparable à une épidémie comme la grippe porcine. Il faut donc bloquer les mécanismes de transmission.Il faut donc absorber les risques des banques au lieu de les transférer?Exact. Et ce n'est pas si compliqué. Les banques sont connectées au système financier par cinq canaux, qui transmettent les risques comme une onde de choc : le marché monétaire interbancaire, le marché des changes, les marchés de dérivés, la garantie des dépôts et le mécanisme de liquidation des banques insolvables.Comment cette onde de choc se propage-t-elle dans le marché interbancaire ?Prenez l'exemple de Hypo Real Estate. Si HRE n'avait pas été sauvée il y a un an, plusieurs banques auraient perdu leurs dépôts interbancaires, soit plusieurs milliards d'euros, et auraient été en difficulté à leur tour. On ne prête pas assez attention aux risques liés au marché monétaire, où la taille des crédits n'est pas plafonnée. À ce jour, seule la Commission européenne a pris conscience de la nécessité de réguler ces opérations en introduisant des limites.Vous avez aussi évoqué le marché des changes. Quels risques représente-t-il ?Aujourd'hui, 45 % des transactions mondiales sur le marché des changes sont effectués à travers le système mondial de paiements CLS (« continuous linked settlement »), lancé en 2002. Là, il n'y a pratiquement aucun risque. Mais les 55 % restants sont beaucoup plus risqués qu'on ne le croit. Le système CLS n'est encore utilisé que par les grandes banques. Cela doit changer. Tous les participants du marché devraient être obligés d'exécuter les transactions de devises étrangères par le CLS. Même les assurances, les grandes multinationales et les fonds alternatifs. Comme ça, tout sera sécurisé. Le CLS devrait également couvrir toutes les devises, alors qu'il ne couvre aujourd'hui que les monnaies commerciales majeures.Les dérivés de crédit (« credit default swaps »), censés couvrir les risques, sont devenus facteurs de risque. Comment éviter une contagion au reste du système financier ?La Réserve fédérale américaine et la Commission européenne sont en train de faire intervenir une contrepartie centrale, sous la forme d'une chambre de compensation. La chambre de compensation prend en charge le risque de défaillance, qui est couvert par des dépôts de garantie. Les dérivés seront traités à l'avenir par des structures ressemblant à une Bourse.Angela Merkel a promis que les dépôts bancaires seraient garantis. En quoi cette garantie est-elle facteur de risque ?Aujourd'hui, si une banque devient insolvable, les dépôts sont bloqués jusqu'à douze semaines. Cela risque de rendre insolvables certains de ses clients particuliers ou entreprises, qui ne peuvent pas accéder à leur argent. Une banque devrait donc avoir des programmes informatiques qui permettent que les dépôts assurés soient versés dès le lendemain d'une faillite et que les paiements ne soient pas interrompus. Il nous faut donc compléter la loi européenne par des exigences techniques.Qu'en est-il des risques liés au processus de liquidation ?Le mécanisme de liquidation d'une banque, surtout d'une banque globale, prend des années. Les investisseurs comme les caisses de retraite ou les assureurs voient donc leurs créances bloquées pendant des années. Nous avons besoin d'un cadre juridique de liquidation rapide, global et coordonné. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) dispose d'un tel cadre, pourquoi ne pas en établir un dans le domaine financier ? Retrouvez sur Latribune.fr l'intégralité de cette interview, dans laquelle Hugo Bänziger revient sur la hausse des exi- gences de capital et son impact sur l'offre de crédit et la rentabilité des banques. Les banques sont connectées au système financier par 5 canaux, qui transmettent les risques comme une onde de choc.
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