Aidé par Moscou, Rusal va pouvoir entrer en Bourse

Semaine décisive pour le géant russe de l'aluminium Rusal, numéro un mondial du secteur. Le groupe, qui croule sous un endettement estimé à 16 milliards de dollars (pour un chiffre d'affaires de 15,7 milliards en 2008), devrait signer le 26 novembre, selon l'agence Reuters, un vaste accord de restructuration de cette dette détenue, entre autres, par les banques françaises BNP Paribas, Calyon et Natixis. Une opération qui ouvrirait la voie à une mise en Bourse de Rusal en décembre sur le marché de Hong Kong puis, dans un second temps, à Paris sur Euronext. Les premiers « road show » des dirigeants pourraient démarrer dès le 30 novembre, ajoute Reuters.Le Kremlin a donné en fin de semaine dernière un gros coup de pouce au géant russe, détenu à 54 % par l'oligarque Oleg Deripaska, en promettant que la banque d'État VEB achèterait des titres Rusal lors de l'entrée en Bourse. Le ministre des Finances russe, Alexeï Koudrine, a précisé que les fonds viendront des profits réalisés par VEB sur le marché d'actions russe. La banque d'État dispose de 30 milliards de roubles en liquide « qui peuvent être utilisés pour n'importe quel usage, comme par exemple l'achat d'actions de Rusal », a indiqué le ministre. La VEB a précisé qu'elle s'apprêtait à acheter jusqu'à 3 % du groupe d'aluminium (soit une somme comprise entre 330 et 422 millions d'euros).Depuis des semaines, les banques créditrices de Rusal et les coactionnaires d'Oleg Deripaska pressent l'oligarque de finaliser cette mise sur le marché de 10 % du capital du groupe qui lui permettrait de lever 2,5 milliards de dollars. Mais le géant russe, très centré sur l'aluminium et qui aurait réalisé une perte nette de 6 milliards de dollars en 2008, n'en finit pas d'accumuler les déboires. Selon des sources bancaires, les investisseurs chinois pressentis pour participer à la levée de fonds traînent des pieds tandis que Rusal est sur le point de perdre une très importante mine de bauxite en Guinée. Pour couronner le tout, Michael Cherney, l'homme qui a fait entrer Oleg Deripaska dans l'industrie de l'aluminium, lui réclame une part de 20 % dans Rusal. Avec la dette gigantesque et la mauvaise conjoncture actuelle du marché de l'aluminium, le succès de l'introduction semble loin d'être garanti.traitement de faveurD'où le sauvetage du Kremlin, destiné à rassurer les créanciers et surtout à leur signifier que Moscou n'a pas l'intention de laisser Rusal faire faillite pour se faire ensuite dépecer par quelques banques étrangères. Un coup de pouce qui n'est pas une première : en début d'année, déjà, le Kremlin avait fait accorder un prêt d'urgence de 4,5 milliards de dollars à Rusal. Un traitement de faveur ? aucun autre groupe russe n'ayant reçu ne serait-ce que le tiers de cette aide durant la crise ? qui fait grincer des dents à Moscou. « Deripaska et Rusal reçoivent une aide sans précédent, puisqu'il s'avère que le pouvoir est prêt à sacrifier le marché financier pour acheter les titres d'une compagnie étrangère (Rusal est enregistré à Jersey) », soulignait ainsi vendredi le quotidien « Vedomosti ». n
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