Les producteurs de musique changent leurs méthodes de travail

Les filiales françaises des quatre majors de la musique ? EMI, Sony, Universal, Warner ? se sont adaptées à la crise du marché. Elles ont réduit le nombre d'albums commercialisés, de 3.300 en 2003 à 950 en 2010, selon le Syndicat de l'édition phonographique (Snep). Mais 2010 marque un tournant, le solde des nouvelles signatures d'artistes francophones et des contrats rendus étant redevenu positif. Et les quatre sociétés ne représentent « que » 70 % du marché. Des indépendants ont continué à signer de nouveaux artistes. Mais un label comme Wagram, dont le chiffre d'affaires est passé de 55 à 40 millions d'euros en 4 ans, et le bénéfice de 3 à 1 million, avoue qu'il ne pourra continuer à investir longtemps. Dans le monde numérique, la part de marché des indépendants dépasse largement celle dans le marché physique ; elle serait de 42 % en Europe, sur iTunes, la boutique d'Apple. Le numérique offre plus de chance à la diversité. Il permet à un jeune artiste de lancer sa carrière autrement que dans le modèle classique. Il peut se faire connaître en ligne, avec un ou deux titres, explique Denis Ladegaillerie, président du Snep et de Believe, distributeur de musique en ligne. Il cite l'exemple de Colonel Reyel, qui après avoir vendu 130.000 téléchargements de son premier titre, peut réinvestir les 30 à 50.000 euros nécessaires à la production d'un album complet. Mais peu d'inconnus arrivent à plus de 100.000 téléchargements. Et la baisse globale des volumes de disques vendus par les nouveaux talents handicapent la construction d'une carrière au delà d'un premier succès. Dans les majors, le chiffre d'affaires des nouveaux talents francophones s'est effondré de 130 millions d'euros en 2002 à 17 millions en 2010. Appel aux pouvoirs publicsCause ou conséquences, les budgets marketing ont été divisés par trois, et la visibilité aussi. La suppression des « tours support », versés à titre de promotion d'un album aux producteurs de concerts, fragilisent ces derniers, pour la plupart des PME à peine rentables, qui ont du mal à prendre le relais de développeurs de jeunes talents par des concerts. Aussi, la filière dénonce-t-elle l'absence de relais dans les médias traditionnels. Selon le Snep, 90 % des nouveautés francophones diffusées sur les radios musicales l'ont été sur 15 titres seulement en 2010. Les producteurs en appellent aux pouvoirs publics, pour améliorer le crédit d'impôt à la production et en créer un pour les organisateurs de concerts. L'État récupérerait largement les sommes en jeu (26 millions d'euros au total) grâce au surcroît d'activité générée, assurent-ils. Le ministre de la Culture, dimanche à Cannes, a assuré avoir entendu le message et promis de prendre à bras le corps la question du financement de la diversité à l'ère numérique. Convaincre Bercy est une autre affaire. Les budgets marketing ont été divisés par trois, et la visibilité des artistes aussi.
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