Le budget d'Alistair Darling pèse sur le marché obligataire britannique

L'exercice s'annonçait périlleux pour Alistair Darling, le ministre des Finances britannique, et les marchés obligataires le lui ont rappelé. Dans les minutes qui ont suivi la présentation mercredi du projet de budget 2010-2011, où le chancelier de l'Echiquier devait notamment livrer ses dernières révisions de croissance et de déficit pour l'exercice à venir, les obligations d'Etat britanniques ont nettement décroché. Evoluant en sens inverse des prix, le rendement des titres d'Etat à 10 ans a bondi de près de 10 points de base pour venir flirter avec le seuil des 4 %, avant de revenir en fin d'après-midi à 3,97 %.Alistair Darling s'est notamment engagé à réduire le déficit public plus rapidement que prévu, tout en soulignant qu'une politique de réduction immédiate des dépenses serait « erronée et dangereuse et risquerait de faire dérailler la reprise ». Le ministre des Finances a révisé de 12,4 % à 11,8 % le déficit budgétaire de l'exercice 2009-2010 et prévoit de le réduire à 11,1 % en 2010-2011, avec comme objectif de 4 % à l'horizon 2014-2015. Plusieurs mesures de relance ont été annoncées, dont la création d'une banque destinée à financer les technologies propres et dotée de 2 milliards de livres. Pour éviter de casser la croissance, le gouvernement britannique a donc choisi la voie d'un déficit et d'un endettement persistant.Dans la foulée de la présentation d'Alistair Darling, l'agence de la dette britannique a révisé à la hausse le montant des émissions de dette réalisée sur l'exercice 2009-2010, clôturé fin mars, à 227,6 milliards de livres, contre 225,1 milliards initialement annoncés en décembre. Le Trésor britannique a par ailleurs annoncé que les émissions baisseraient de 18 % à 187,3 milliards de livres lors de l'exercice 2010-2011, un chiffre supérieur aux 180 milliards attendus par les observateurs. émissions massivesIl s'agit d'un repli en trompe-l'oeil, puisque ce montant représente plus de 3 fois les émissions enregistrés dans les cinq années précédent la crise, qui atteignaient en moyenne 48 milliards de livres. Selon les équipes de Deutsche Bank, le Trésor britannique pourrait avoir à émettre respectivement 180 et 150 milliards de livres au cours des exercices débutant en avril 2011 et avril 2012.Face à ces émissions massives et craintes entourant la solvabilité des Etats, les investisseurs exigent une prime de quasiment 1% pour détenir des titres à 10 ans britanniques plutôt que des Bunds allemands. Le financement de son déficit pourrait coûter cher au Royaume-Uni, surtout si sa notation financière AAA, mis sous surveillance négative par Standard & Poor's en mai dernier, venait à être abaissée. Julien Beauvieux
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