La Chine veut purger son système financier

Les liquidités dans le système bancaire sont à un \"niveau approprié\", a estimé lundi dans un communiqué la Banque centrale chinoise (PBOC), signalant ainsi son refus d\'intervenir. Ce qui a fait chuter la Bourse de Shanghai lundi, de 5,3%, sa plus importante dégringolade depuis près de quatre ans. Les investisseurs s\'inquiètent du refus affiché de la PBOC d\'aider le secteur bancaire en difficulté.Après avoir très fortement progressé, les taux interbancaires s\'étaient brusquement détendus vendredi, le taux de refinancement à sept jours tombant de 11,62% à 8,33%, sur fond de rumeurs de pression de la Banque populaire de Chine (PBOC, Banque centrale) pour que les bailleurs libèrent des fonds. Selon la presse, la Banque centrale aurait injecté 40 milliards de yuans (4,88 milliards d\'euros) dans certaines banques pour soulager leur crise de liquidités.Un ralentissement de la croissance est moins perturbateur qu\'une relanceMais les autorités chinoises ne veulent pas donner l\'impression d\'assouplir leur politique monétaire. Elles veulent en effet mettre un terme à la très forte croissance du crédit en début d\'année ce qui a pour conséquence une augmentation des prêts susceptible de se transformer en mauvaises créances. « Le gouvernement considère maintenant qu\'un nouveau ralentissement modeste de la croissance à 7%-7,5% est moins perturbateur qu\'un ambitieux nouveau plan de relance de nature à soutenir une croissance à 8%. Le ratio de la dette privée (ménages et entreprises non financières) sur le PIB s\'est déjà envolé de 50 points de pourcentage au cours des 4 dernières années, l\'augmentation la plus importante par les économies émergentes, et même plus grande que celle des Etats-Unis et des pays de la zone euro en six ans. », indique Willem Buiter, chez Citi.\"La banque centrale... va probablement laisser les banques régler elles-mêmes leurs problèmes, c\'est pourquoi les difficultés créées par le manque de liquidités vont rester entières en l\'absence de tout signal d\'assouplissement monétaire\", a déclaré à l\'AFP Shen Jun, analyste de la banque BOC International.\"Il n\'y a pas de pénurie de fonds, juste des fonds qui sont mal placés\"L\'agence officielle Chine nouvelle a estimé durant le week-end qu\'il \"n\"y a pas de pénurie de fonds, il y a juste des fonds qui sont mal placés\", soulignant un problème structurel du pays : la mauvaise allocation des ressources financières. L\'agence a notamment rendu responsables de cette situation la spéculation et les crédits informels et non régulés en dehors du secteur bancaire.Les surcapacités dans certains secteurs sont telles que les grandes entreprises qui ont plus facilement accès au crédit préfèrent devenir prêteurs que d\'investir dans la production. Des aciéristes se faisant banquiers, c\'est pour le moins suprenant, mais logique en raison de la difficulté de nombre de petites entreprises d\'avoir accès au crédit, et à l\'interdiction - théorique - des pouvoirs régionaux de faire des prêts. Conséquence, tout un système de « shadow banking » s\'est développé depuis des années, concourant à la montée importante de défauts sur nombre de crédits.Les prix de l\'immobilier maintenus à la hausse à cause de la spéculationAutre secteur, qui risque de subir un \"nettoyage\" en raison de la nouvelle politique des autorités : l\'immobilier malmené par une spéculation qui maintient les prix à la hausse. Les grandes sociétés immobilières voient leurs titres obligataires se déprécier. Les rendements des emprunts immobiliers ont bondi de 98 points de base à 8,54% au cours du deuxième trimestre, le plus élevé depuis le 23 novembre et surtout depuis un plus bas de 6,96 % attaint le 10 mai, selon la Deutsche Bank.Sur un fond plus politique, la nouvelle équipe - le président Xi Jinping et son Premier ministre Li Keqiang - qui a pris les manettes du pouvoir officiellement en début d\'année se voit tester sur sa capacité à réorienter l\'économie chinoise  : comment passer d\'une croissance alimentée par les bas coûts de travail et les exportations à un développement fondé davantage sur la consommation intérieure favorisée par des salaires plus élevés et une couverture sociale de qualité.Mais outre les orientations financières, il faut également que le pouvoir évolue aussi, que l\'organisation du parti communiste, qui a la mainmise sur le pays à travers sa structure, se transforme. or si au sein du parti, certains courants militent pour une libéralisation du système, comme l\'avait prôné en maintes occasions l\'ex-Premier ministre Wen Jiabao, régulièrement censuré à l\'époque, en revanche les résistances sont encore importantes, notamment de l\'armée qui maîtrise des pans entiers de l\'économie et a intérêt au statu quo. 
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