En France, l'actionnariat individuel piétine

La difficile montée en puissance de l'actionnariat salarié n'est pas le fait de montages trop savamment élaborés par les entreprises. Il est bel et bien la conséquence d'une très faible appétence des Français pour les actions. Depuis plus de vingt ans, on compte le même nombre d'actionnaires individuels, soit environ 6 millions de personnes. Et pour cause, la Bourse véhicule depuis toujours une réputation assez sulfureuse, fréquemment comparée à un casino. Et qui dit casino dit risque de pertes importantes pour de très faibles espérances de gains. Il faut dire que les marchés boursiers sont régulièrement secoués par de vastes mouvements de yo-yo susceptibles de décourager même les plus téméraires. Ensuite, les produits actions semblent très mystérieux aux yeux de la grande majorité des Français qui se refusent à mettre leur argent dans un véhicule qu'ils ne comprennent pas. Cerise sur le gâteau?: le milieu de la finance est régulièrement rattrapé par des scandales peu flatteurs pour son image. Les récentes révélations sur les salaires pharaoniques des traders, ces commerciaux engagés par les grandes banques pour négocier des produits financiers en sont le dernier exemple.Un déficit de financementCe phénomène n'est pas sans inquiéter de nombreux protagonistes. Un institut de promotion des actions, l'Institut Pro-Actions, vient d'ailleurs de voir le jour. Selon les conclusions d'une enquête qu'il a diligentée, le déficit né du déséquilibre entre la demande d'actions (de la part des investisseurs) et l'offre (de la part des entreprises) pourrait atteindre 240 milliards d'euros dans quelques années. Une mauvaise nouvelle pour le tissu industriel hexagonal qui pensait pouvoir trouver dans la Bourse le moyen de participer à ses besoins d'investissement.L'Institut Pro-Actions, dirigé par Alain Metternich, parallèlement à la tête de la Fédération nationale de la presse française, imagine bien quelques pistes pour donner aux actions un visage plus « désirable ». Comme un contexte fiscal stabilisé autour de ces produits, d'importants efforts de la part des établissements financiers pour mieux présenter les produits qu'ils vendent, ou encore l'élargissement aux actions d'enveloppes d'épargne jusqu'à présent fermées à cette classe d'actifs. Comme l'assurance-vie en euros. « Changer les mentalités prendra du temps. Il est pourtant impératif pour les entreprises françaises de pouvoir compter sur un actionnariat solide et fidèle », soutient Dominique Leblanc, coprésident de l'Institut Pro-Actions, qui dirige aussi la Fédération française des clubs d'investissement.Pascale Besses-Boumard
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.