le destin tragique de la femme cachée de Mussolini

cinéma Avec « Vincere », Marco Bellocchio se penche sur une histoire peu connue. Celle d'Ida Dalser (interprétée par Giovanna Mezzorgiono très convaincante), la femme cachée de Benito Mussolini (Fipo Timi), rencontré bien avant qu'il ne devienne le Duce, alors qu'il était encore socialiste et dirigeant du quotidien « Avanti ! ». Ce dernier lui fait un enfant, avant de s'éloigner d'elle durant la Première Guerre mondiale. Déjà marié, le futur dictateur en route vers son destin ne s'intéressera plus jamais à cette femme et à son fils, allant jusqu'à la faire interner dans un asile. Ida Dalser continue pourtant de revendiquer sa qualité d'épouse légitime. Elle meurt en 1937 des suites de son internement. Son fils, dont elle avait été séparée, décède à son tour dans un asile en 1942. Bellocchio réussit un film fort, présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes, porté par des images soignées mais un peu académique, manquant un peu de chaleur. Rencontre avec le réalisateur.Comment vous est venue l'idée de ce film ?Je ne connaissais absolument pas cette histoire jusqu'à il y a quelques années, quand le quotidien « La Repubblica » a parlé d'un documentaire qui allait passer à la télé sur cette affaire. Et il y a eu deux livres. Ce fut un choc, la tragédie d'Ida Dalser m'a bouleversé. Je crois partager avec elle cette dimension rebelle et suicidaire. Elle ne fait jamais de compromis, elle ne renonce pas. Par ailleurs, il est exact qu'elle n'est pas très sympathique.Pourquoi vous êtes-vous concentré sur l'épouse cachée de Mussolini plutôt que sur son fils ?Pour une question de structure du film. Il fallait soit privilégier le fils, soit la mère. C'est seulement une fois Ida disparue que l'on s'occupe du fils. Il faudrait consacrer tout un autre film au tragique destin de Benito Albino.Avez-vous rencontré des difficultés de tournage, notamment avec les néofascistes italiens ? Non. C'est tout juste si Alessandra Mussolini, la nièce du Duce, m'a traité de menteur. Mais c'était une posture de sa part.Cette histoire de femme cachée de Mussolini est-elle à mettre en parallèle avec les frasques de Berlusconi ?Il n'y a aucun lien à faire. D'ailleurs, le public italien n'a pas fait le rapprochement. Ce sont les journalistes qui l'ont fait. Et il y a une différence de taille : Mussolini, avec sa virilité affichée, séduisait toutes les ménagères. Berlusconi, lui, s'intéresse plutôt, si j'ai bien compris, aux jeunes femmes tarifées. Cela dit, Mussolini a été le premier leader à conquérir les médias et Berlusconi l'a imité.Propos recueillis par J-.C.C.
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