Guillemot découvre l'Amérique

voileNoyée dans les grains qui balaient la côte, la Isla Uvita ne va pas changer l'histoire. Pas cette fois-ci? L'insignifiant caillou qui trône comme une sentinelle à l'entrée de Puerto Limon, à Costa Rica, est depuis cinq siècles dans les manuels scolaires. C'est là que, en 1502, Christophe Colomb fit échouer sa première chaloupe? Uvita, c'était l'Amérique, la première terre du découvreur. à la barre du monocoque « Safran », Marc Guillemot, lui, n'aura sans doute vu qu'une dernière marque de parcours. Une libération. Après 15 jours, 19 heures, 22 minutes et 10 secondes de course, le monocoque skippé par Marc Guillemot et Charles Caudrelier a finalement coupé la ligne d'arrivée de la Transat Jacques Vabre hier matin, à 2 heures 52 minutes (heure locale).Contrairement à Colomb qui redoutait ce qu'il pouvait découvrir sur ce continent tout proche, Guillemot, lui, savait déjà ce qui l'attendait. Les honneurs de la victoire d'abord? et puis surtout la satisfaction de voir qu'enfin le vent avait tourné. En pleine nuit costaricienne, Guillemot peut commencer à oublier les galères du dernier Vendée Globe? « On avait dit qu'on reviendrait pour faire mieux qu'en 2007, c'est fait ! » s'est félicité Guillemot, deuxième de la précédente édition. « Jusqu'à une heure de l'arrivée, ce n'était pas gagné, ajoutait-il. On avait tellement de doutes par rapport à nos amis Kito (de Pavant) et François Gabart [2e sur Groupe Bel, Ndlr]. C'était vraiment une transat difficile, besogneuse? On est rincé ! Et il y a du boulot pour les toubibs maintenant. »« mano à mano »L'emporter, pour Marc Guillemot, 50 ans, c'est aussi mettre un peu de baume sur les cicatrices de près de trente ans de course au large. Déjà, au Havre, la formule faisait le tour des pontons : le skipper voulait cette fois « faire mieux que deuxième ». Chacun se plaisait à croire que le marin tiendrait parole. Très rapidement, Guillemot et Caudrelier ont su se montrer à la hauteur de leurs ambitions. Alors que Michel Desjoyeaux choisissait la sagesse en lançant « Foncia » vers le Sud, « Safran » lui relevait le défi : droit dans la baston ! Suivi comme son ombre par Kito de Pavant aux commandes de Groupe Bel, un faux jumeau largement éprouvé (abandon dès les premiers jours) lui aussi sur le dernier Vendée Globe? Les deux bateaux les plus rapides du plateau allaient peu à peu creuser l'écart et se retrouver en « mano à mano ». « Safran » ouvrait en tête la première porte de l'arc antillais, restait à négocier la mer Caraïbe, capricieuse et colérique, chargée d'alizé caractériel. Là encore, Guillemot et Caudrelier ont respecté à la lettre les règles de base. Marquer l'adversaire, anéantir ses espoirs. Le fruit de l'expérience accumulée. « Tout ce qui m'est arrivé sur le Vendée Globe m'a beaucoup appris. Je suis arrivé sur cette transat avec une autre vision des choses qu'il y a deux ans. »Choisissant de passer en mode furtif et de disparaître des écrans pour 24 heures, Guillemot n'a rien lâché dans la dernière partie du parcours. Soigner les empannages, prendre son temps, perdre une minute pour en gagner cent. Avant de découvrir, entre deux grains, comme Colomb il y a cinq siècles, la côte Caraïbe. Et la joie de gagner? enfin.
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