Le roi des casinos de Macao refuse l'éclatement de son empire

Stanley Ho refuse de retourner à la case départ. Le milliardaire hongkongais, qui a bâti sa fortune avec dix dollars en poche, n'entend pas se faire déposséder de l'empire casinotier qu'il a fondé en 1962 à Macao. Contrairement à ce qu'ont annoncé plusieurs membres de sa famille lundi, le patriarche de 89 ans nie avoir consenti à leur transférer la participation de 32 % qu'il détient - ou détenait - dans sa société SJM Holdings afin qu'ils se la partagent. L'enjeu est de taille : la capitalisation boursière de SJM, qui opère vingt casinos à Macao, s'élève à près de 10 milliards de dollars (7,32 milliards d'euros)et la participation de Stanley Ho représente l'essentiel de la fortune du treizième homme le plus riche de Hong Kong. « Il ne me reste pratiquement plus rien », s'est indigné le responsable qui a bénéficié d'un monopole sur les jeux à Macao jusqu'en 2002 et a su faire prospérer son empire après la rétrocession de l'ancienne colonie portugaise à la Chine en 1999.Les analystes financiers étaient sans illusions, eux qui craignaient qu'après son décès, la succession de Stanley Ho tourne à la foire d'empoigne entre ses dix-sept enfants nés de quatre différents mariages. Mais les opérateurs de marché ont été pris de court lorsque le transfert d'actions a été annoncé lundi, du vivant de Ho ! Sur la Bourse de Hong Kong, l'action SJM a lâché jusqu'à 9 % en séance avant d'être suspendue. Alors que sa cotation devait reprendre ce mercredi, Tan Teng Yee, analyste chez CIMB-GK Securities, a prévenu ses clients que l'action SJM devrait pâtir « de la distraction qu'occasionnera pour le management cette mêlée pour le pouvoir et la fortune ». Porté par les performances et les perspectives du marché du jeu à Macao, le titre introduit en 1988 avait pourtant connu un impeccable parcours : sa valeur avait triplé au cours des douze derniers mois pour toucher un sommet historique la semaine dernière.Guerre des communiquésL'avocat de Stanley Ho, Gordon Oldham, a prévenu mardi que faute d'accord entre les membres du clan, le patriarche entamerait une action en justice pour récupérer sa participation dans SJM. Une fermeté qui n'a pas empêché l'éclatement d'une guerre des communiqués entre les protagonistes de ce mélodrame financier et familial. Toutes les transactions « ont été approuvées ou autorisées par le Dr Stanley Ho », a garanti le siège de Lanceford, la compagnie holding rassemblant les intérêts de ses enfants. Des membres de la fratrie ont rappelé que leur père avait commencé à se désengager du management de SJM dont il avait déjà cédé des parts et que l'une de ses filles, Daisy, avait reçu son aval par lettre pour l'opération de lundi. « De toute évidence, il a signé un document mais on ne lui a pas expliqué les effets que cela aurait », a plaidé Gordon Oldham alors que Stanley Ho demeure convalescent après être resté pendant sept mois à l'hôpital l'an dernier. SJM, dont la part de marché s'élève à 32,6 % à Macao, a pourtant besoin d'un leader fort : selon Citigroup, la région administrative devrait accueillir 20 millions de visiteurs de Chine continentale cette année, contre 12 millions en 2010, année où ses casinos ont réalisé un chiffre d'affaires de 23,5 milliards de dollars, soit quatre fois plus que ceux présents à Las Vegas.
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