Montebourg veut une industrie de la santé bleu blanc rouge

Donnant-donnant. C’est la règle dictée ce lundi par Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif aux industriels du secteur de la santé. Invité à co-présider avec Geneviève Fioraso, la ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, et Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, le Comité Stratégique de Filière des Industries et Technologies de Santé, Arnaud Montebourg a été très clair : l’Etat soutiendra les entreprises qui permettront de redonner un nouvel élan au secteur de la santé actuellement en plaine mutation et confronté à de nouveaux défis comme l’allongement de la durée de vie, l’augmentation des maladies liées à l\'environnement.John Fitzgerald Kennedy inspire Arnaud Montebourg \"Nous souhaitons ouvrir une nouvelle période offensive d\'investissement sur le sol français et de relocalisation d\'activité\", a déclaré le ministre devant la presse en reprenant le thème de la \"nouvelle frontière\" autrefois porté par le président américain John Fitzgerald Kennedy.. \"Si on se remet à investir, public, privé, on peut réussir dans les années à venir à produire à nouveau en France. C\'est notre nouvelle frontière\", a-t-il poursuivi tout en défendant la politique du \"donnant-donnant\" dans laquelle l\'Etat affirme sa présence dans la recherche et développement et à travers les investissements d\'avenir, le pacte de compétitivité et la commande publique. \"En contrepartie, nous souhaitons la relocalisation des activités industrielles de nos industries de santé\", a-t-il affirmé. Arnaud Montebourg réclame également de la part des industriels de \"la transparence sur l\'origine des lieux de production des médicaments\" mais aussi \"la relocalisation de la matière première des molécules\".Union sacrée pour Geneviève FiorasoGeneviève Fioraso plaide pour sa part pour l’union sacrée entre le public et le privé au sein de ce secteur. \"Il nous faut plus que jamais décloisonner (...) la recherche académique et la recherche privée\" et \"resserrer les liens, du grand groupe à la start-up\", a déclaré la ministre estimant que l\'amélioration de la transition allant de la découverte scientifique vers le développement industriel constituait une \"priorité\". \"Le passage de l\'invention à l\'innovation, du laboratoire à l\'industrie, reste notre point faible en France, et en Europe d\'ailleurs, alors qu\'il est le point fort de la plupart des pays émergents\", a-t-elle précisé.Une industrie fragiliséeBien que les industries de santé soient après l’aéronautique et l’agroalimentaire, le secteur qui exporte le plus - ses ventes à l’international représentent 7% des exportations totales tricolores – leur présence en France est-elle menacée ? La multiplication des suppressions de postes dans certaines unités de recherche, notamment chez Sanofi, témoignent de leur fragilité. Lors de leur arrivée au forum Biovision où se réunissait le Comité Stratégique de Filière, les ministres ont été accueilli par plus de 200 salariés de Sanofi dénonçant un plan de réorganisation du groupe qui prévoit 914 départs sur trois ans.Confrontés à une demande relativement atone en France, sur laquelle pèse les mesures gouvernementales destinées à réduire les dépenses de santé, concurrencés par les médicaments génériques dont l’augmentation a repris sa progression en 2012, malmenés par la concurrence indienne et chinoise dans la production de molécules plus ou moins sophistiquées, dont les génériques, les laboratoires ont délocalisé tout ou partie de leur production et de leurs unités de recherche pour préserver leur rentabilité depuis le début des années 90.Un secteur en pleine mutationUn processus autorisé par le fait que la fabrication complexe du médicament n’est plus produite, depuis longtemps, dans un seul centre. « Elle est devenue aujourd’hui globale pour répondre à une demande globale, tout en introduisant les exigences du médicament », explique un rapport de l’ancienne Direction générale des entreprises (DGE) aujourd’hui intégrée à la Direction générale de la compétitivité, de l\'industrie et des services (DGCIS).Selon ce rapport, « le marché européen des substances actives est aujourd’hui en sous-capacité due à la faiblesse des lancements des nouvelles molécules. Donc, la création d’une nouvelle unité de fabrication de matière première est dépendante de la recherche. Si la molécule est sophistiquée, la nouvelle unité de production y restera ». Résultat, « on assiste à la fermeture d’unités en Europe, elles permettent de rationaliser l’outil de production qui est pourtant actuellement en sous-capacité due notamment à la faiblesse des lancements de nouvelles molécules, mais elles ne correspondent plus aux besoins de l’entreprise pharmaceutique. Celle-ci ferme donc des unités, tout en en créant de nouvelles en Europe, qui sont en général des unités de biotechnologie », poursuit le document. 
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