Mobilisation générale pour contrer la crise grecque

Nul ne savait encore, dimanche soir, si le premier plan de sauvetage jamais entrepris en zone euro pourrait avoir lieu à temps pour écarter tout danger de contagion, non seulement en Europe, mais aussi sur le reste de la planète, et en particulier dans des économies affichant des trous budgétaires tout aussi colossaux, proportionnellement, que celui de la Grèce.Face aux incertitudes sur la capacité de la Grèce à réduire son déficit, les ministres des Finances de l'Union avaient promis, le 11 avril, une aide financière, d'un montant total de l'ordre de 45 milliards d'euros. En cas de besoin. Vendredi, au lendemain d'une nouvelle révision à la hausse du trou budgétaire grec, entraînant une tension extrême des taux sur la dette émise par Athènes, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, avait finalement dû se résigner à demander le déclenchement du mécanisme d'assistance. Samedi dans la nuit, peu après son arrivée à Washington, où s'est réuni le G20 « finance », son ministre de l'Économie, Georges Papaconstantinou, rencontrait discrètement le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, ainsi que le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, le commissaire européen aux Affaires monétaires, Olli Rehn, et enfin, son homologue américain, Timothy Geithner.Signe que l'inquiétude dépasse les frontières européennes, l'Américain a pressé Européens et FMI de « se hâter de mettre en place le paquet de réformes et de soutien financier » prévu. La hantise d'une propagation de la crise grecque à d'autres économies, y compris les États-Unis, occupait tous les esprits ce week-end à Washington. Même le montant du plan paraissait crucial. « Certains pays pensent que ce ne sera pas assez », avançait ainsi le ministre canadien des Finances, Jim Flaherty. Le directeur général du Fonds s'est cependant voulu rassurant : « Nous travaillons sur un plan qui est fondamentalement du type de ce que les Européens et les Grecs avaient déjà préparé. Bien sûr, le nôtre doit se projeter plus loin, sur les années 2011-2012 », a-t-il souligné, appelant de surcroît les Grecs à « ne pas craindre le FMI »... Georges Papaconstantinou devait de nouveau rencontrer Dominique Strauss-Kahn dimanche. Depuis quatre jours, une mission du FMI est arrivée à Athènes afin de discuter du programme économique qui rendra un prêt de l'institution possible. Excluant de restructurer sa dette, et plus encore de sortir de la zone euro, Georges Papaconstantinou a mis l'accent, lors d'une conférence de presse très attendue, sur les fondamentaux, et indiqué que son pays avait déjà commencé à améliorer sa compétitivité. « Le budget est sur la bonne voie, il est même en avance sur le calendrier », a-t-il affirmé, même si l'économie grecque devrait se contracter cette année et la prochaine, pour se redresser ensuite, « et plus tôt qu'on peut le penser », a-t-il assuré...Pour l'heure, en tout cas, il y a urgence. Et les obstacles abondent. Car les bailleurs de fonds n'entendent pas donner de l'argent à Athènes sans contrepartie. C'est vrai pour le FMI, qui devrait verser une contribution de 10 milliards ou 15 milliards d'euros. Et ça l'est encore plus pour les gouvernements de la zone euro, qui fourniraient 30 milliards d'euros. En marge du processus de déblocage des fonds, distinct dans chaque État, le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, a demandé, dimanche, de nouvelles mesures d'austérité de la part d'Athènes. Quant à la ministre française des Finances, Christine Lagarde, elle a rappelé, dans le « Journal du dimanche », que solidarité européenne « ne voulait pas dire qu'il faille être complaisant ». Alors que les syndicats grecs de fonctionnaires appellent à de nouvelles manifestations mardi, Athènes devra donc bientôt dévoiler ses intentions concernant de nouvelles coupes budgétaires. Le calendrier est serré : le 3 mai, le Parlement français débattra de la contribution hexagonale (20 % du total - tandis que l'Allemagne verserait 27 %), soit 6,9 milliards d'euros, dont 3,9 milliards d'euros immédiatement. Le même débat n'aura lieu qu'après des élections régionales sensibles en Allemagne, le 9 mai. Athènes doit en tout cas disposer de fonds dès le 19 mai, afin de faire face à une première échéance de dette.
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