Les indices sont sous-valorisés

Avec le retour de l'aversion au risque, c'est aussi la crainte d'une contagion de la crise boursière à l'ensemble des grandes places qui reprend de la vigueur. Une crainte justifiée car, jusqu'à présent, les grands indices mondiaux, aussi déboussolés soient-ils, ont continué d'évoluer de manière relativement disparate. Empêtrée dans ses problèmes de dettes, l'Europe s'est particulièrement démarquée des autres régions. Certes, les disparités au sein de la zone euro sont grandes - entre une place espagnole en chute libre de 25 %, un CAC 40 en ligne avec l'indice européen et un marché francfortois qui limite la casse à 5 % de baisse. Mais l'impression générale ne trompe guère. Globalement, l'Europe accuse une chute de près de 17 % de ses indices. Avec une indéniable perte de valeur, si l'on regarde les multiples de valorisation (ratios cours-bénéfices). Sur l'Euro Stoxx 50, ceux-ci ont littéralement fondu à 9,5 fois les bénéfices attendus cette année, et ce, alors qu'ils se hissent à 13 fois à Wall Street, 12 fois à Shanghai, et 15 fois à Mumbai. Dans ce contexte, les marchés d'actions asiatiques (hors Japon) sont eux aussi pénalisés, quoique dans de plus faibles proportions. S'ils ont récemment été plébiscités en raison du niveau de la croissance de la région, ils font aujourd'hui les frais de leurs propres excès (inflation en Inde, bulle immobilière en Chine, etc.)... Et ce, d'autant que se greffe sur ces situations un regain de tension politique, comme on l'a vu récemment en Thaïlande, et, pas plus tard que mardi, en Corée du Nord. Cette année, l'indice MSCI Asie-Pacifique a d'ores et déjà cédé 16 % depuis son plus-haut de l'année, le 15 avril. Depuis janvier, la Bourse de Shanghai accuse une chute de près de 20 %, et celle de Hongkong, plus de 13 %. Sur deux ans, toutefois, les bilans restent à leur avantage : l'indice Composite de Shanghai s'octroie plus de 42 %, contre 0,19 % pour l'Euro Stoxx. Ces revers tant européens qu'asiatiques n'ont cependant pas desservi les marchés américain et japonais. Depuis le 1er janvier, le Dow Jones est parvenu à résister, en ne se repliant que de 5,6 %. Tout comme le Topix japonais (- 5,2 %). Une situation qui révèle pourtant une anomalie de marché aux yeux de certains experts. « En Europe, les investisseurs ont clairement intégré un scénario de déflation à la japonaise », estime Lenny Kessler, gérant chez Shanti Gestion, « Peut-être à raison », ajoute-t-il, mais si tel est le cas, « les États-Unis pourront difficilement s'en sortir seuls ». La séance de mardi a montré qu'il n'était pas le seul à le penser. Marjorie Bertouille
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