L'État russe reste menaçant pour le monde des affaires

C'est au tour de Roman Abramovitch de subir les foudres de l'État russe. Son groupe sidérurgique Evraz, dans lequel il détient 34 % du capital, fait l'objet d'une plainte de l'Agence Anti-monopole russe, qui accuse Evraz d'utiliser sa position dominante dans certaines régions pour augmenter abusivement ses tarifs. Vladimir Poutine a publiquement demandé hier aux autorités de régler ce problème. Deux grands groupes publics - le constructeur automobile AvtoVaz et les Chemins de fer russes - se sont plaints de des hausses de tarifs sur l'acier. La presse russe en déduit que Roman Abramovitch est directement visé par cette offensive. Il s'agirait d'un blâme infligé après la catastrophe dans la mine sibérienne de Raspadskaïa le 9 mai dernier, qui a coûté la vie à 90 mineurs. Evraz est le principal actionnaire de cette mine de charbon. En fait, Roman Abramovitch s'en tire à bon compte avec cet avertissement de forme, tandis que le patron de la mine a, lui, été limogé sur le champ. Nul n'ignore toutefois la haute main qu'exerce l'homme fort de Russie sur les affaires, même si le milliardaire Roman Abramovitch est connu pour avoir d'excellentes relations avec Vladimir Poutine.D'autres oligarques se sont montrés moins dociles et l'affaire Ioukos est là pour rappeler que le Kremlin est prêt à tout. Lundi, le témoignage de l'ancien Premier ministre devenu opposant, Mikhaïl Kassianov, au procès de l'ancien patron de Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski, a souligné combien politique et affaires sont indémêlables en Russie. « À la fin 2003, j'ai clairement compris que [Khodorkovski] avait été arrêté pour des motifs politiques », a déclaré face au juge celui qui était Premier ministre russe à l'époque. méthodes brutalesQuand il ne jette pas en prison, Vladimir Poutine tape dans le porte-monnaie, comme avec Evraz ou un autre aciériste, Mechel qui en 2008 a vu son titre chuter de 30 % quelques heures après que le Premier ministre russe ait, pris d'une colère froide, menacé « d'envoyer un médecin » au chevet du magnat de l'acier. Le propriétaire de Mechel avait osé « sécher » une réunion avec le chef du gouvernement...Or, les attaques de l'État contre les oligarques sont reproduites avec des méthodes encore plus brutales par des bureaucrates contre les entreprises privées, et cette fois dans un but parfaitement vénal. Au moins un homme et une femme d'affaires (Sergueï Magnitski et Vera Trifonova) ont péri ces derniers mois dans les geôles russes où ils étaient incarcérés en préventive. Leurs avocats affirment que les enquêteurs les ont délibérément laissés mourir pour leur extorquer des aveux fallacieux. Pour ne pas partager leur sort, certains, comme le milliardaire Evgueni Tchitchvarkine, se sont exilés pour échapper à la prison. Fondateur du premier réseau russe de vente de téléphones portables, il a accusé plusieurs fonctionnaires du ministère de l'Intérieur russe de meurtres, d'intimidation et d'extorsion contre plusieurs sociétés, dont la sienne.
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