Après la Palme, petite déflation de chefs-d'oeuvre

Difficile de se trouver un bon film après Cannes. Comme si les distributeurs se persuadaient que le public était trop gavé de 7e art pour en consommer davantage. Les studios en profitent alors pour sortir leurs grosses productions. Tel « Prince of Persia », de Mike Newell, où le fils adoptif du roi de Perse (Jake Gyllenhaal), accusé à tort du meurtre de son père, se lance dans une cavale à travers un Moyen Orient rêvé par Disney. Haute en couleurs et riche en rebondissements, cette grande aventure adaptée d'un jeu vidéo, n'évite cependant pas la caricature. Tous les personnages semblent sortis d'un clip de MTV. On frise l'apocalypse mais le « happy end » n'est jamais loin.Beaucoup plus réaliste, « Triomf » du Sud-Africain Michael Raebur qui peint ici avec cruauté le portrait d'une famille d'Afrikaners dégénérée. À force de vivre repliée sur elle-même, elle a développé des tares qui la rendent pathétique et inquiétante. Trash et délirant, « Triomf » montre de manière sophistiquée et excessive la misère et les paradoxes de son pays à l'aube des élections de 1994 qui ont porté Nelson Mandela au pouvoir. Qui trop embrasse...Trop hard ? Alors autant porter son regard vers Bollywood. « My name is Khan », de Karan Johar, ne répond pourtant pas à tous les critères imposés par les studios de Bombay. Si l'image reste belle, les couleurs chatoyantes, il n'y a pour autant aucune scène chantée ou dansée. Et l'histoire est plus solide qu'à l'accoutumée. Il y est question d'un indien musulman atteint du syndrome d'Asperger (Shah Rukh Khan, excellent). Émigré aux États-Unis, il tombe amoureux d'une mère célibataire hindoue. Tout irait pour le mieux si l'Amérique ne succombait à la paranoïa post-11 Septembre. Racisme, guerre de religions, terrorisme, handicap, catastrophes naturelles... le réalisateur embrasse une multitude de thèmes, trop même, parfois traités de manière abracadabrantesque. Reste que son road-movie façon « Rainman » nous emporte. Et l'on ne voit plus le temps passer. Charles Faugeron et Yasmine You
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