Bientôt des étiquettes obligatoires pour les produits financiers ?

L\'expérience avait fait couler beaucoup d\'encre. Et pour cause. C\'était la première fois, en France mais aussi dans le monde entier, qu\'une tentative d\'étiqueter des produits financiers était entreprise.A la tête de cette aventure, l\'Association pour la transparence et l\'étiquetage des produits financiers (ATEPF). Regroupant les Caisses d\'épargne, la Maïf, la Macif, l\'observatoire Testé pour vous et l\'Ademe, l\'ATEPF travaillait même avec des ONG environnementales telles que le WWF et les Amis de la Terre. Le groupe de travail poursuivait l\'objectif de sensibiliser les clients aux enjeux environnementaux et sociaux liés à leurs placements financiers.Une méthodologie innovante« C\'est extrêmement rare que nous acceptions d\'être associés à des travaux menés par des banques, souligne Yann Louvel, référent de la campagne « Responsabilité des acteurs financiers » pour les Amis de la Terre. Nous l\'avons fait parce que nous avions toutes les garanties quant à la transparence concernant la méthode de travail et les résultats. »Elaborée par le cabinet de conseil de développement durable Utopies, la méthodologie permettait de comparer les produits financiers selon trois critères : la sécurité (inversement proportionnelle au risque financier), la responsabilité (fonction de la prise en compte de critères sociaux et environnementaux) et l\'empreinte carbone des activités financées par le produit.Etiqueter l\'ensemble des produits et pas seulement les plus \"verts\"Mais cette aventure, qui « avait très bien démarré », vient de s\'interrompre avec la dissolution du groupe de travail. En cause : le retrait des Caisses d\'épargne, quelques mois après la fusion avec Banques Populaires en 2009 et la « suspension » de l\'étiquetage en 2010, qui avait pourtant démarré aux guichets. Dans la foulée, la Maif et la Macif ont également baissé les bras. « Il ne se passait plus rien au sein du groupe de travail » témoigne Yann Nouvel.L\'une des pommes de discorde avec Banques Populaires concernait la typologie des produits à étiqueter. « Contrairement aux Banques Populaires, nous estimons que cet étiquetage ne doit pas s\'appliquer aux seuls produits déjà « verts », mais à la totalité des produits financiers proposés », précise Yann Louvel.La seule solution pour susciter des questionnements chez les épargnantsPersuadés que la dissolution du groupe de travail signe l\'échec des initiatives volontaires, les Amis de la Terre, qui regrettent que les produits financiers aient été exclus du test sur l\'étiquetage des produits de grande consommation actuellement en cours, demandent que cet étiquetage devienne obligatoire, à l\'instar de celui existant depuis des années pour les produits électroménagers ou, plus récemment, les automobiles et même les logements.Une requête qu\'ils estiment d\'autant plus fondée que l\'expérience, unique au monde à en croire l\'expérience de Friends of the Earth, maison mère internationale de l\'ONG, a démontré la traçabilité de ces produits et la faisabilité de la notation. « Cela nous semble la seule solution pour susciter des interrogations chez les épargnants quant à l\'utilisation qui est faite de leur épargne », souligne Yann Louvel.Un outil pour flécher l\'épargne des FrançaisL\'ONG s\'apprête donc à adresser cette requête à la nouvelle ministre du Développement durable Delphine Batho, dans le cadre de la Conférence environnementale, pour laquelle de premières réunions de cadrage avaient été initiées par Nicole Bricq.« Nous souhaiterions même lier ce sujet au débat sur la transition énergétique, précise Yann Louvel. Qui dit étiquetage peut dire aussi bonus/malus, et donc jouer un rôle dans la mise à plat des niches fiscales. In fine, cet étiquetage pourrait servir à flécher l\'épargne des Français. »   
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