Le géant argentin des médias Clarín menacé de démantèlement

Le gouvernement de Cristina Fernández de Kirchner cherche à démanteler le géant argentin des médias et de l'Internet dont il a fait sa bête noire depuis deux ans. Dans la bataille que mène le pouvoir contre Clarín, la présidente de la république est montée au créneau mardi soir, en formulant de graves accusations contre le groupe et le quotidien « La Nación », au sujet de la prise de contrôle en 1976 de Papel Prensa, principal fournisseur de papier aux journaux du pays. Cristina Fernández de Kirchner a présenté un rapport, selon lequel Clarín et « La Nación » auraient alors bénéficié de la complicité de la dictature pour faire main basse sur l'entreprise. La famille Graiver, à l'époque propriétaire, aurait vendu ses parts sous la menace, avant que plusieurs de ses membres soient séquestrés par les militaires. Sur la base de ces allégations, la présidente a annoncé que des actions en justice seraient engagées contre les deux actionnaires privés de Papel Prensa. L'État détient pour sa part 27,5 % du capital. Un premier front avait été ouvert vendredi 20 août?: le gouvernement a purement et simplement annulé la licence de Fibertel, troisième fournisseur d'accès à Internet du pays, appartenant au groupe Clarín. Justification invoquée?: le géant des médias aurait intégré Fibertel, en janvier 2009, avant d'avoir eu formellement le feu vert du ministère du commerce. L'opérateur a 90 jours pour prévenir ses abonnés et arrêter son service?! Clarín va tenter un recours devant les tribunaux. Si Fibertel disparaissait, Grupo Telecom et Telefonica se partageraient 90 % du marché argentin de l'accès Internet.Un « monopole » décriéDénoncé comme un « monopole » dans les discours officiels, le groupe Clarín détient notamment le quotidien homonyme (le plus fort tirage de la presse hispanophone au monde), la seconde chaîne de TV hertzienne du pays (Canal Trece), le principal réseau câblé (Cablevision), des radios et Fibertel. Il a mobilisé derrière lui la communauté d'affaires et obtenu le soutien de l'opposition. Clarín était en fait favorable au gouvernement jusqu'en 2008, comme il avait été proche de pratiquement tous ceux qui l'ont précédé, y compris du temps des militaires.L'arme la plus menaçante utilisée par Buenos Aires contre Clarín reste la loi de l'audiovisuel votée en 2009 (alors que le gouvernement disposait encore de la majorité au Parlement). Nombre de ses articles semblent avoir été écrits dans le but d'obliger le groupe à se débarrasser d'actifs. Elle établit des seuils anti-concentration assez bas et définit de nouvelles incompatibilités. Surtout, elle oblige les entreprises à se conformer à la réglementation en cédant, dans un délai d'un an, les participations désormais interdites. Un délai qui ne permet pas une valorisation optimale des sociétés à vendre.L'application de la loi a été suspendue, au grand dam du gouvernement, en attente d'une décision de la Cour suprême sur l'article qui fixe le délai de cession. La date à laquelle la Cour se prononcera n'est pas sans importance?: des élections auront lieu en octobre 2011 et l'opposition a annoncé qu'elle modifierait la loi si elle l'emportait.
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