Défense : bientôt un robot pour remplacer les militaires ?

De la science fiction à la réalité, l'écart se resserre de plus en plus dans les armées. Et la guerre change de visage... ou plutôt l'homme cède peu à peu sa place aux robots. Après les drones, les avions sans pilote, le ministère de la Défense réfléchit aujourd'hui à un futur robot à tout faire pour l'armée de terre, un système dont la première mission sera de préserver la vie de nombreux combattants engagés dans des milieux très hostiles.Car ce robot devra tout bonnement remplir, selon la DGA, les missions les plus dangereuses de surveillance, de reconnaissance et de renseignement. Et clairement, il se substituera aux combattants pour ces missions opérationnelles en les éloignant des zones les plus exposées.Pour le moment, ce robot-là n'existe pas encore. Mais la DGA a récemment lancé des demandes d'informations sur un programme de robot terrestre polyvalent (RTP) auprès des industriels afin d'évaluer la faisabilité du ou des projets sur un plan technique et financier. "La DGA sollicite les acteurs de l'industrie pour s'informer des solutions techniques existantes", précise la DGA.Un programme de recherche amont (R&T)C'est un projet de prospective du ministère de la Défense rattaché à la préparation de l'avenir sur les futurs équipements des militaires français, en l'occurrence, l'étape 2 du programme Scorpion. "Il faut être prêt et disposer des briques technologiques le jour où un programme pourrait être lancé", explique-t-on à la DGA. Dans ce cadre, les demandes d'information doivent permettre de réunir des éléments nécessaires à la détermination de solutions techniques répondant au besoin opérationnel des armées.Avec cette démarche, la DGA souhaite acquérir "une meilleure connaissance des solutions techniques mises en œuvre dans le domaine de la robotique terrestre, en particulier en ce qui concerne les technologies et architectures existantes pour les plates-formes robotiques capables de réaliser des missions opérationnelles variées".Le "zéro mort" en ligne de mireDerrière ce robot, se cache d'abord le principe du "zéro mort" qui dictait il y a peu de temps encore la conduite des responsables politiques. C'est un peu moins le cas après les opérations en Afghanistan, Libye et Mali même si les pertes humaines sont toujours à déplorer."La place de l'homme dans la boucle de décision peut varier entre téléopération et supervision de robots autonomes selon les fonctions opérationnelles concernées et la maturité des technologies disponibles", explique la DGA. "La robotique doit faciliter le travail du combattant, lui éviter du stress supplémentaire et des efforts additionnels inutiles et dangereux sur le champ de bataille", explique un expert.Quelle utilisation du RTP ? Elle consiste d'abord à limiter au maximum l'exposition du soldat aux dangers du champ de bataille. Soit remplacer le combattant par le robot. La seconde utilisation est d'augmenter les capacités du soldat et de son unité combattante, à l'image des robots porteurs de lourdes charges en zone de combat au service du soldat. Les Américains disposent déjà de ce type de robots « mules ». Enfin, la troisième utilisation comprend la réalisation de tâches pénibles ou répétitifs.Lire aussi >> Lire aussi Bruno Bonnell : "Le robot, c'est l'homme augmenté"Des missions "de type mule ou transport de matériels"Les missions sont essentiellement des missions de types surveillance, reconnaissance et renseignement sur des zones de grandes superficie avoisinant plusieurs dizaines de km², ainsi que des missions "de type mule ou transport de matériels". Ou encore des missions d'infiltration pour observer avant d'entrer dans un milieu hostile ou difficile, à l'exemple d'un souterrain occupé par l'ennemi.Au-delà de l'emploi de ces robots, des questions éthiques se posent pour les responsables civils et militaires. "Qui prend la décision d'utiliser des armes létales avec des systèmes autonomes équipés pour tuer ?", interroge cet expert. Le RTP pourra servir à évaluer l'intérêt de la robotique pour d'autres missions telles que la cartographie, l'ouverture d'itinéraires et l'illumination de cible. La détection et la destruction d'explosifs pourrait également faire parties des tâches de prédilection des robots. Des robots qui devront avoir 100 % de fiabilité et d'efficacité dans des conditions d'emploi sévères. En outre, l'autonomie est une attente majeure sur le champ de bataille.Des architecture logicielles ouvertesPour la DGA, "la robotique n'est pas une fin en soi mais une nouvelle technologie de plus en plus disponible pour les forces et dont l'intérêt et la faisabilité de mise en œuvre au sein du combat embarqué ou débarqué, en zone ouverte ou urbaine doivent être analysés et démontrée".Cette future capacité couvre aussi bien les robots terrestres que les drones miniatures, qui seront associés aux blindés ou aux fantassins dans le combat rapproché, ainsi que les capteurs sol autonomes pour le contrôle de zone à distance.Dans ce contexte, le RTP doit posséder des capacités de mobilité et d'endurance adaptées au plus grand nombre d'environnements urbains et péri-urbains, aussi bien en métropole que sur les divers théâtres d'opérations. Il doit également offrir des architectures mécanique et logicielle suffisamment ouvertes et modulaires pour accueillir de nouvelles capacités fonctionnelles adaptées à la réalisation de missions opérationnelles ciblées."Cette ouverture et cette modularité sont également essentielles aux travaux d'analyse et d'évaluation de concepts novateurs d'autonomie décisionnelle", explique la DGA, qui souhaite étudier "l'ensemble des modes d'interactions possibles opérateurs/robots en fonction du niveau d'autonomie et de la mission".Deux personnes pour piloter ce robotLa masse visée pour ce système est de l'ordre de la tonne, "moins si possible (500 kg) et dans tous les cas inférieure à deux tonnes", indique la DGA. La mobilité du RTP, qui devra être utilisable de jour comme de nuit, est adaptée aux environnements urbains et périurbains. "Cela sous-entend des capacités de mobilité sur route bitumée et sur tout chemin, voire tout terrain au sein d'environnements déstructurés", précise la DGA.Le RTP ainsi que son poste de contrôle commande est transportable par voie routière pour être acheminé sur un théâtre d'opérations. L'effectif prévu pour la mise en œuvre du RTP est de deux personnes, hors pilote de sécurité. Le système offre une couverture de 360° autour du Poste de Contrôle commande pour sa liaison de données. La portée de liaison visée est de l'ordre de 3.000 mètres en milieu ouvert et de 1.000 mètres en milieu urbain.
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