Entreprises recherchent investisseurs à long terme désespérément

Où diable les investisseurs à long terme sont-ils passés? C\'était l\'une des principales questions soulevées par les participants à un colloque organisé, ce jeudi, par l\'assureur Groupama, et intitulé «Remettre la finance au service de la croissance à long terme». «Il existe d\'énormes besoins d\'investissements à venir, en particulier dans les infrastructures, afin de retrouver le chemin de la croissance. Le problème, c\'est que les investisseurs institutionnels n\'investissent plus à long terme. Sur tous les marchés, la durée de détention des actions est de quelques mois, au maximum», déplore Michel Aglietta, professeur à l\'université Paris-Ouest Nanterre.Assèchement du crédit bancaireUn constat partagé par Olivier Mareuse, directeur des finances à la Caisse des dépôts et consignations (CDC): «Depuis la crise financière de 2008, on manque d\'investisseurs contra-cycliques, capables d\'acheter des actifs quand leur valeur baisse, parce qu\'ils raisonnent dans une optique de gain à long terme et non à court terme.» Or l\'économie a plus que jamais besoin d\'investisseurs à long terme. «Des pans entiers de notre économie sont affectés par l\'assèchement du crédit bancaire. Nous avons donc besoin d\'investisseurs institutionnels capables de prendre le relais des banques sur les financements longs», insiste Olivier Mareuse.Des réglementations défavorables à l\'investissement à long termePourquoi les banques, les assureurs et autres «zinzins» (investisseurs institutionnels) ont-ils succombé au diktat du court terme, ces dernières années? «L\'évolution des réglementations n\'est pas favorable à l\'investissement à long terme», explique Olivier Mareuse, qui cite comme exemple l\'adoption du référentiel comptable IFRS, importé des Etats-Unis. Ce référentiel exige que les actifs et les passifs financiers figurant au bilan des entreprises soient comptabilisés à leur valeur de marché. Ce qui rend leurs cours très volatils et conduit donc les investisseurs à privilégier une approche «court-termiste».Les conséquences négatives de Bâle III et de Solvabilité IILe directeur des finances de la CDC pointe également du doigt la future réglementation dite de Bâle III, qui empêchera les banques d\'utiliser les dépôts à court terme de leurs clients pour financer des projets d\'entreprises à long terme. Une réglementation qui fait également le désespoir d\'Hervé Schricke, ancien président de l\'Afic (Association des investisseurs pour la croissance), puisqu\'elle exige des banques de placer davantage de fonds propres en face d\'engagements dans des actifs jugés risqués, comme le capital-investissement. La conséquence de Bâle III et de Solvabilité II, son pendant pour les assureurs, c\'est que les secteurs de banque et de l\'assurance, traditionnels pourvoyeurs de fonds du capital-investissement, réduisent drastiquement leurs allocations à cette classe d\'actifs. Or «les fonds de capital-investissement, eux, accompagnent les entreprises sur le long terme, puisqu\'ils restent cinq ans en moyenne à leur capital», rappelle Hervé Schricke. 
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