Smic : ceux qui y restent... et ceux qui finissent par gagner plus

Une personne rémunérée au Smic ou au voisinage du salaire minimum a-t-elle une chance d'évolution vers un salaire supérieur ou est-elle condamnée à rester au même niveau?  Pour tenter de répondre à cette question, une étude de l'Insee* s'est intéressée à suivre durant cinq ans les trajectoires de personnes rémunérées au voisinage du Smic horaire entre 1995 et 2003. Selon l'étude, si les profils des salariés suivis "s'avèrent remarquablement individualisés", il est quand même encourageant de constater que "les salariés qui évoluent vers un salaire horaire supérieur forment la catégorie la plus nombreuse".32% des personnes rémunérées au Smic gagnent significativement plus cinq ans plus tardCes personnes ont le plus souvent une certaine ancienneté dans l'entreprise ou sur le marché du travail. En moyenne, 32% des personnes appartenant aux cohortes étudiées (1995 à 2003) connaissent ainsi une progression salariale, c'est-à-dire qu'elles finissent par obtenir une rémunération supérieure à 105% du salaire minimum. Par rapport à l'ensemble des salariés au voisinage du Smic, les salariés de ce groupe occupent plus fréquemment des postes à temps complet (69% contre 60%). Les femmes (56%) et les personnes de plus de 50 ans (8%) sont sous représentées dans cette population, alors qu'elles représentent respectivement 60% et 11% de l'ensemble des salariés rémunérés au voisinage du Smic. De même, les individus dont les rémunérations s'améliorent travaillent un peu plus fréquemment dans les établissements de taille moyenne ou grande: 29% des salariés suivant une telle trajectoire salariale sont employés dans des établissements d'au moins 50 salariés contre 27% de l'ensemble des salariés au voisinage du Smic.Les femmes et les employés rémunérés au Smic ont davantage de risques d'y resterA l'opposé, la trajectoire la moins fréquente concerne les salariés qui restent au voisinage du Smic durant les cinq ans étudiés. En moyenne, selon l'étude, 6,5% des personnes payées au voisinage du Smic le restent durant toute la période. Les salariés de ce groupe sont généralement depuis longtemps sur le marché du travail: 45% sont présents depuis plus de 20 ans contre 26% pour l'ensemble des salariés au voisinage du Smic. Pour les auteurs, ce résultat reflète pour partie un effet de sélection: comme les individus les plus jeunes connaissent assez fréquemment des augmentations de salaire en début de carrière, les salariés qui restent au voisinage du Smic sont en moyenne plus âgés. A noter que les employés sont surreprésentés dans ce groupe (55% contre 50%) alors que les professions intermédiaires y sont, à l'inverse, sous-représentées (4% contre 8% de l'ensemble). Mais, surtout, les salariés restés au voisinage du Smic sont, plus souvent que les autres, des femmes: elles représentent 72% des salariés de ce groupe contre 60% de l'ensemble. Ce qui peut s'expliquer par la très forte proportion de femmes travaillant à temps partiel.Enfin, 11% des salariés payés au voisinage du Smic connaissent alternativement des rémunérations qui restent à ce niveau et des périodes de salaires supérieurs. Les femmes sont, la aussi, surreprésentées (66% des individus de ce groupe). Restent les salariés qui sont sortis du champ de l'analyse... Ils sont tout de même 50%. D'après les auteurs, il s'agit principalement de salariés âgés partis dans les cinq ans étudiés "en retraite ou préretraite". Mais l'on retrouve aussi dans ce groupe des individus "qui s'éloignent graduellement de l'emploi", notamment ceux qui ont occupé un emploi à temps partiel de courte durée dans le secteur tertiaire et dans les entreprises qui rémunèrent en moyenne moins leurs salariés. En d'autres termes: " les petits boulots".Etre rémunéré au Smic une année donnée augmente de onze fois le risque d'y rester au moins trois ansEn conclusion, d'après l'étude, le fait d'être au voisinage du Smic une année donnée augmente la probabilité d'être dans cette situation un an, deux ans, trois ans et quatre ans après. Les salariés rémunérés au voisinage du Smic ont ainsi onze fois plus de chances d'être encore au voisinage du Smic un an plus tard par rapport à ceux que ne l'étaient pas l'année initiale. Mais, avec le temps, la probabilité d'être encore au voisinage du Smic diminue: quatre ans plus tard, les individus payés initialement au voisinage du Smic n'ont plus en moyenne que quatre fois plus de chances d'être rémunérés à ce niveau. (Source : *"Economie & statistique" N° 448-449)
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