Les marchés obligataires européens se tendent sensiblement

Malgré le rebond de l'euro, soutenu par les propos volontaristes de la Chancelière allemande Angela Merkel, les taux des obligations d'Etat des pays européens « périphériques » ont poursuivi leur envolée ce jeudi, emmenés par ceux de l'Irlande et de l'Espagne. Après s'être rapprochée du point bas de deux mois de 1,3284 dollar atteint mercredi, la monnaie unique se reprenait quelque peu en fin d'après-midi en évoluant aux alentours de 1,336 dollar. Alors que les marchés américains étaient fermés en raison de la Thanksgiving, Angela Merkel a martelé que l'Allemagne « était prête à agir avec solidarité pour préserver un euro fort, et estimé qu'aucun membre de la zone euro n'avait besoin de restructurer sa dette ». La Chancelière est néanmoins revenue sur le projet de création d'un mécanisme permanent de résolution des crises à partir de 2013 pour prendre le relais du fonds de 750 milliards d'euros mis en place en mai (FSEF), qui avait mis le feu aux poudres sur les marchés de dette, tout en assurant qu'il « ne s'appliquera pas aux obligations existantes ».Colossal chômage espagnol Sur les marchés obligataires, l'humeur était toutefois toujours à la morosité. Evoluant en sens inverse des prix, le taux à 10 ans irlandais a atteint un nouveau plus haut de 15 ans, à 9,08 %, alors que la chambre de compensation LCH Clearnet a relevé pour la troisième fois le niveau des appels de marge sur la négociation des titres de dette de Dublin. Relevant ces provisions à 45 % du montant des obligations échangées, cette décision a encore augmenté leur coût de négociation. Le taux à 10 ans espagnol a, lui, bondi à 5,20 %, son plus haut niveau depuis 2002. Signe que les regards se tournent vers l'Espagne, la prime de risque du Portugal par rapport à Madrid a fondu de 250 points de base à 180 points depuis la mi-novembre. Et ce, alors que le taux à 10 ans du Portugal, considéré comme le prochain candidat à une aide financière, continuait à évoluer ce jeudi à un niveau de 7 %, jugé insoutenable par le ministre des Finances du pays, après s'être envolé à 7,24 % le 11 novembre.« Ces inquiétudes sont compréhensibles étant donné les ressemblances entre l'Espagne et l'Irlande. Les emprunts publics ont augmenté pendant la récession après un boom économique tiré par l'immobilier. Les banques sont fragiles et un chômage colossal couplé à la baisse des prix immobiliers pourrait mener à un grand nombre de défaut sur les prêts domestiques », souligne Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics. « Bien que le risque d'un sauvetage de l'Espagne soit relativement faible, son coût serait dévastateur », ajoute-t-elle en le chiffrant à environ 420 milliards d'euros, contre environ 85 milliards selon le dernier chiffre évoqué pour l'aide à l'Irlande. Membre du Conseil de la BCE, Axel Weber a certes estimé lundi soir que le FSEF pourrait être augmenté si besoin, mais l'éventualité d'un sauvetage de l'Espagne aurait pour conséquence d'alimenter les spéculations sur d'autres maillons faibles de poids de la zone euro comme l'Italie, pour l'instant relativement épargnée. Ce jeudi, l'Italie a dû concéder des taux plus élevés pour placer sa dette à 6 mois et à 2 ans. Mais sa prime de risque par rapport à l'Allemagne n'atteint que 170 points de base, contre 245 et 430 points pour l'Espagne et le Portugal.
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