Irène Némirovsky, un destin tragique

Les deux objets sont là, côte à côte, la valise et le manuscrit qu'elle contenait. Chaque feuille est remplie d'une multitude de petites lignes serrées, à l'encre bleu turquoise. Ce manuscrit, c'est celui de « Suite française », le chef-d'oeuvre posthume d'Irène Némirovsky resté enfermé dans sa mallette durant cinquante ans avant d'être publié en 2004. Ce qui a permis de redécouvrir une écrivaine disparue à Auschwitz - dont c'est aujourd'hui l'anniversaire de la libération - juste parce que née juive.C'est cette histoire que raconte le Mémorial de la Shoah à travers une exposition resserrée mais néanmoins suffisamment dense pour permettre d'appréhender la personnalité de l'écrivaine mais aussi de la femme et de la mère qu'était Irène Némirovsky. Née en Russie en 1903 dans une famille juive non pratiquante, elle a fui avec ses parents la révolution bolchevique pour s'établir en France. Dès les années 1920, elle connaît le succès avec ses romans dont « le Malentendu » ou « l'Ennemie » comme en attestent les coupures de presse de l'époque. Publié en 1930, « David Golder » raconte l'histoire d'un financier juif harcelé par sa femme et guetté par la mort. Le roman est salué par la critique et... applaudi par la presse antisémite qui y voit un pamphlet contre les juifs et la finance. La presse juive, elle, accuse la jeune femme d'avoir créé « un juif pour antisémites » comme le rappelle l'exposition.Au fil des documents présentés, on comprend qu'Irène Némirovsky se montrait rétive à tout destin identitaire. En revanche, obtenir la nationalité française l'obsède. Elle restera pourtant apatride toute sa vie. À cet égard, le Mémorial expose une lettre significative qu'elle avait adressée au maréchal Pétain le conjurant de faire une « distinction entre les indésirables et les étrangers honorables » qui aiment la France. En vain, pour son mari et elle, Auschwitz est la destination finale. Ses deux petites filles heureusement ont survécu.Mémorial de la Shoah, 17, rue Geoffroy-l'Asnier, 75004 Paris. Tél. : 01.42.77.44.72. Jusqu'au 8 mars. www.memorialdelashoah.org
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