Bolloré et Eramet remisent leurs ambitions dans le lithium bolivien

Tout l'entregent de Vincent Bolloréeacute; et le tour de voiture électrique Blue Car en compagnie du président bolivien Evo Morales en février 2009 n'y auront pas suffi. Les grands projets de son groupe et de son partenaire Eramet d'implanter en Bolivie une filière de production et d'industrialisation du lithium ont été mis sous cloche. Traumatisée par une histoire marquée par le pillage de ses ressources, la Bolivie a décidé de développer par ses propres moyens ses gigantesques gisements. Le pays revendique 70 % des réserves mondiales de ce métal utilisé dans les batteries et indispensable pour le développement des voitures électriques. « Nous n'allons pas faire de nouvelle offre, indique le directeur central du Groupe Bolloréeacute;, Thierry Marraud. Nous n'avons aucun projet à court terme mais nous restons en veille active. » Bolloréeacute; se dit aujourd'hui serein sur ses approvisionnements en lithium. « À court terme, l'offre est suffisante pour satisfaire les besoins des premières productions de voitures électriques », observe-t-il.« Faire monter les enchères »Selon le calendrier défini par la présidence, le développement du lithium, en particulier celui du Salar d'Uyuni, doit se faire en trois phases. Les deux premières, financées et menées par le pays, doivent aboutir à la production de 30.000 tonnes par an de carbonate de lithium d'ici à 2014. Le pays n'a pas exclu de solliciter des partenaires extérieurs pour l'étape suivante, qui doit déboucher sur la production de batteries au lithium. Mais certains doutent de la capacité du pays le plus pauvre d'Amérique du Sud à mener à bien ses projets. Jean-Jacques Kourliandsky, spécialiste de l'Amérique latine à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), est ainsi « persuadé que la stratégie de la Bolivie sur ce dossier est la même que celle suivie sur les hydrocarbures [le secteur avait été nationalisé en 2006, mais les compagnies avaient pu rester avec des contrats renégociés à la baisse, Ndlr], c'est-à-dire de faire monter les enchères. La Bolivie a, selon moi, besoin de partenariats, technologiques comme financiers ».De fait, le pays ne veut pas insulter l'avenir et se couper d'expertises étrangères. Fin 2010, il a ainsi signé avec la Corée du Sud et le Japon des accords de coopération scientifique sur l'industrialisation du lithium. La France n'a, quant à elle, pas souhaité signer « un mémorandum standard parce qu'il s'agissait d'un accord-cadre très global, qui ne mentionnait pas le partenariat que nous avions proposé », souligne Thierry Marraud.Dans la perspective du décollage de la voiture électrique, de nombreux projets de production se développent à travers le monde. Bolloréeacute; et Eramet testent actuellement en Argentine des gisements sur lesquels ils ont une option d'achat, « dont certains montrent de belles perspectives », selon Thierry Marraud. « Beaucoup de lithium se développe en Australie et au Canada, le monde n'attend pas la Bolivie pour avancer sur le sujet », constate Vincent Trelut, directeur du développement d'Eramet.
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